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Evénements du passé dans ma région

Cette catégorie a pour vocation de raconter ces petits faits de l'histoire qui mis bout à bout même insensiblement à l'histoire, tout court..

suite Naissance du deuxième pont de Saint Pierre du Vauvray

Aprés la guerre, nouveaux concours pour la reconstruction du Pont 

 

pont-1923-1.jpg

1919 Nouveaux concours pour la construction du pont, une vingtaine de projets, dont un pont  suspendu en béton armé. Ce sera ce dernier que l'on retiendra.

A cette époque ce matériau était de plus en plus en vogue, bien que le recul manquait pour juger de ses performances. En 1880 d'importants travaux furent accomplis avec ce matériau, en Allemagne et en France -les voûtes de l'église Saint Jean de Montmartre étaient en béton armé - et malgré  l'écroulement d'une passerelle en béton durant l'Exposition Universelle de 1900,  ensevelissant des ouvriers et des passants. La confiance que l'on plaçait dans ce matériau ne fût pas ébranlée.( le premier ouvrage connu important en béton armé est un bateau, en 1855)

Le projet fût confié à Monsieur FREYSSINET, Ingénieur en chef des Entreprises Limousin un des premiers à avoir utilisé ce matériau d'une maniére trés ambitieuse malgré sa nouveauté.Ce pont sera composé d'une arche unique de 131m80 de portée, ce qui en fera à  l'époque le plus long du monde de ce type, à une seule arche formée de deux arcs ayant une flèche de 25 mètres. Le tirant d'air est prévu à 6 métres au dessus des plus hautes eaux  navigables (cote 10m84),en 1913 il était de  4m20...L'Entreprise Limousin sera chargée des travaux.

Pour desservir l'ouvrage d'une rive à l'autre on construisit un pont transbordeur de 170 métres de portée entre deux pylones de 40 métres.

Navigation durant les travaux

Obligation était faite au constructeur de laisser le passage aux bateaux montants pendant les travaux, le bras d'Andé, celui qui servait normalement à l'écoulement des eaux du fleuve, fût dragué(1920) de qui permit le passage des bateaux descendants durant toute la durée des travaux.

 

Le respect de la navigabilité sur le bras principal ne permettait pas d'utiliser le système ordinaire d'échafaudage pour la construction d'un pont de cette sorte. (Ref le pont de Minéapolis sur le Mississipi 122mètres de long) c'est à dire une sorte de forêt de pieux formant barrage .aux bateaux 

 

pont-mineapolis-2.jpg          construction-arche-bigues.jpg         

Pour Saint Pierre du Vauvray on dût afin de respecter le principe de navigabilité, soutenir le cintre du coffrage par des bigues formant une sorte d'éventail reposant sur des plateaux de béton.

 

construction-arche-2.jpg

 

Les travaux commencèrent en 1921, Monsieur Tissier en était

 le  Chef charpentier, et Monsieur Echegut Chef maçon.

1922  Colère de Dame Nature

Comme vous pouvez le constater la construction s'annonçait sous de bons augures, les travaux s'enchainaient, malgré l'hiver pas de retard, du moins pour le moment...

       En décembre 1921, le 31, le  cimentage des arcs était amorcé.

       Février 1922 coffrage terminé pour l'arc aval.

Le pont prenait forme et avait déjà belle allure, des curieux venaient et commantaient l'ouvrage, encores quelques mois et l'on pourrait de nouveau traverser la Seine.

Le 5 mars l'Association des  Anciens Eléves de l'Ecole spéciale des Travaux Publiques (section Normande) fût conviée à visiter, en avant première, le chantier, enthousiasme général devant cet ouvrage d'un modernisme affirmé, et dont l'achèvement s'annonçait sans encombres. C'était sans compter avec Dame Nature, et l' un de ses compagnons EOLE, ce joli Dieu Grec joufflu et bouclé, représenté soufflant le vent à pleines joues....

 

visite-de-l-assos-anc-eleves.jpg          pont-ecroule-7-mars-1922.jpg

Nous voilà au 7 mars au matin, la journée s'annonçait grise, ce fût pire. Dans un premier temps une bourrasque de vent SO suivant le fleuve mit à bas l'échafaudage, juste devant un train de péniche (je vous rappelle que la navigation continuait malgré les travaux)heureusement ce train s'arrêta et évita ainsi la collision avec les débris tombés sur la Seine.

Environ  une quarantaine d'ouvriers travaillaient à ce moment sur le chantier, une vingtaine  dans l'échafaudage, un jeune ouvrier, Baudu, voyant la violence du vent dit à une camarade, il faut vérifier le faux aplomb, il pensait trouver environ 3 cm, le résultat les inquiéta  beaucoup, mais pas pour longtemps....

  Brusquement la bourrasque s'abattit, on aurait pu croire qu'EOLE vidait d'un coup son outre dans laquelle il gardait les vents, ce fût rapide et dantesque. L'armature se décrocha, toute la charpente tomba à la surface de la Seine.

Plusieurs hommes travaillaient à couler le béton à cet instant à 15 mètres au dessus du fleuve, 3 hommes tombèrent dans le fleuve mais purent rejoindre la rive sans trop de mal, un autre Mr Goubert Jules d'Incarville se noya, son corps n'a été retrouvé que 5 jours plus tard, il avait 23 ans, nouvellement marié (3 semaines), un deuxiéme perdit la vie dans l'accident, Monsieur Evrard , 28ans, de Louviers. 10 blessés furent dirigés et soignés à l'Hospice de Louviers. 

Le soir même de l'accident on dégagea le passage navigable barré par les débris, et la navigation, malgré la gravité de l'accident n'eût que 3 heures de retard. Le chaland la Guêpe fût employé pour ce travail, mais continua ensuite sa route.Un exploit.

Si l'échafaudage avait résisté le 7 mars, il est presque certain que la chute  se serait quand même produite, car le lendemain, une bourrasque encore plus forte sévit dans  notre région, avec un vent probablement supérieur à 150 km /h, vitesse limite de résistance de l'échafaudage.

Fin de la construction

Trés vite les travaux reprirent, l'échafaudage était pratiquement détruit, conséquence un retard de 5 mois, et un surcoût de 2 à 300.000 francs pour l'Entreprise Limousin.

Le décintrement a été effectué avec succés en novembre 1922, bien sur beaucoup de choses restaient à faire, route, trottoirs, accés, mais le plus dur était fait!

Inauguration le 14 octobre 1923.

En fin vint l'inauguration, assez sobre, en présence de Monsieur Millerant, Président de la République, entouré de personnalités parmi lesquelles Monsieur Léon Coutil, un érudit normand à qui l'on doit des recherches archéologiques, et surtout des trouvailles qu'il dessinait sur des planches bien connues des amateurs, et également Monsieur Y.Le Trocquer, Ministres des travaux publiques, et ingénieur dans cette branche, car à l'époque,il fallait être de la partie pour obtenir un poste de Ministre, et ainsi savoir de quoi on parlait (..)  ce fût d'ailleurs  lui qui fit le discours d'inauguration.

Dans son discours il félicita bien sur Monsieur Freyssinet, auteur du projet, ainsi que toutes les personnes qui avaient contribué à la réalisation de ce magnifique ouvrage, en voici un extrait:

"Les mariniers, dont je connais mieux que quiconque la vie de labeur,n'auront plus devant eux comme ils l'avaient jadis, un ouvrage qu'on ne pouvait franchir qu'avec de grandes précautions et dangereux au moment des hautes eaux. Ils navigueront librement sur la belle voie qui, aprés avoir été jadis  le chemin des conquérants remontant vers Paris, sera de plus en plus l'utile passage des pacifiques conquêtes"  pas mal n'est-ce pas??

L'histoire de ce pont pourrait s'arrêter là, mais oserai-je le dire, Mars refit surface, et réduisit la vie de cet ouvrage à 17 ans, en effet en juin 1940, malgré les protestations du Colonel Huet, le génie mina le pont, qui s'effondra une nouvelle fois, isolant de ce fait les deux rives du fleuve, et ce jusqu'en 1947.

Le nouveau pont a été reconstruit presque à l'identique en deux phases, rapidement en septembre 1940 la reconstruction démarra, mais en juillet 1942 l'occupant ordonna l'arrêt des travaux.

Ils reprendront après la guerre, le pont sera testé en 1947, et remit à la disposition des riverains, c'est celui qui se mire encore aujourd'hui dans la , Seine, et que j'espère vous  ne  regarderez plus de la même façon lorsque vos pas vous conduiront en bord de  Seine.

Voilà l'histoire de ce pont à qui je souhaite longue et paisible vie.  Dans le prochain billet qui sera le dernier de cette "saga" je vous reparlerai du pont d'Andé, celui qui avait été construit en  1860, détruit en 1870, reconstruit en 1874, donc rendez vous dans mon prochain billet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Accident et disparition du 1er pont de Saint Pierre du Vauvray en février 1913

 

Suite  et fin de l'histoire des ponts inaugurés en 1861 ( Andé et Saint Pierre du Vauvray sur la Seine )

Accident du 7 Février 1913 - SAINT  pierre DU vauvray)

Je reprends la chronologie de l' histoire assez tourmentée  des ponts inaugurés en 1861, Andé avait retrouvé son pont, Saint Pierre du Vauvray avait le sien, on pouvait donc traverser de nouveau les deux bras de la SEINE, soulagement de chacun!

La seine coulait paisiblement au fil des jours, certaines fois plus pressée que d'autres, bref la vie d'un long fleuve que l'on eût espéré tranquille.

1913 était là, nous étions en février, l'hiver nourrissait un peu plus le fleuve qui gonflait de jour en jour, ce qui rendait dangereuse la navigation, surtout pour passer sous l'arche centrale,la hauteur diminuait lorsque l'eau montait, logique.

En tout état de cause, ce pont (97 mètres) construit en 1860, épargné par la guerre de 1870, ne répondait plus aux normes de la navigation, tirant d'air trop faible dans les hautes eaux . En fait il était condamné à plus ou moins bréve échéance par la modernité, des questions se posaient sur sa perennité par les Ingénieurs de la navigation fluviale.

En effet cet ouvrage avait, assez vite après son inauguration, subi une grave avarie: probablement à la suite d'un choc, un mouvement d'oscillation avait provoqué la rupture des arcs en fonte de la première travée, rive droite, et de ce fait un abaissement important de la clef. Une réparation avait  bien été faite avec des plaques boulonnées, mais la blessure était là, et se réveillerait bientôt.

A la suite des fortes pluies de l'hiver 1913 la crue avait atteint à Saint Pierre du Vauvray la cote de 3m32., 

Normalement la hauteur était suffisante pour passer sous l'arche, mais la nuit tombait, il était 6h15, il était donc très imprudent d'engager le train de péniches sous le pont dans cette obscurité, mais  du fait que les mariniers pour la plupart habitaient à POSES, ils souhaitaient y passer la nuit, le  remorqueur s'engagea  donc, bien mal lui en pris.

 Le remorqueur Sambre, commandé par le capitaine Ozanne Gabriel, de Poses,  cheminée rabattue, passa sans encombre sous l'arche, (la cheminée effleura peut être le cintre) , mais  le Chaland Hector  dont le patron était Julien Morel, 33 ans, et les matelots Coignard et Barret,  chargé de 142 tonnes de sucre, ne se trouvait plus dans l'exact prolongement du remorqueur et de ce fait   heurta de la barre de gouvernail l'un  des arcs du pont,  ceux qui soutiennent la troisième arche  les hommes roulèrent violemment sur le pont de la péniche, la deuxième péniche, le Porteur 29 , patron Monsieur Bécam Hervé,  déviée elle  aussi, subit le même sort, la dernière péniche, le Chamois,   catapulta ce bateau, broya le gouvernail,  les deux péniches formèrent une catapulte que rien ne pouvait arrêter,etc, etc...

L'arrière du bateau Porteur 29 et l'avant du Chamois, patron Pierre Craon,  reçoivent plusieurs milliers de kilos de piéces de fonte, le macadam de la chaussée, la bordure des trottoirs  en granit, heureusement les bateaux continuèrent d'avancer, et à peine l'arrière du Chamois fût il passé sous le pont que les travées tombèrent dans la Seine, ce fût un vrai miracle qu'aucun matelot ne périt, seule la femme du matelot Ropert, présente à bord, eut le bras gravement brisé.

Les effondrements durèrent plus de 2 minutes, ensuite EXIT le pont inauguré en grande pompe, et je vous le rappelle béni......comme quoi......

Le propriétaire d'un café tout proche, (une centaine de mètres en aval du pont)  Monsieur DUVAL, s'étant précipité en entendant le bruit, les appels des mariniers, raconta combien la chute des arches  l'avaient impressionné car accompagnée  d'éclairs verdâtres causés par les câbles de 5000 volts qui se touchaient, conséquences  des oscillations du pont.

Par miracle personne sur le pont de Saint Pierre à ce moment, le dernier à passer, à peine une minute avant l'effondrement fût Monsieur Decaux, 23 ans, commis épicier chez Monsieur  Gens  à Saint Pierre. 

Imaginez l'émotion causée par ce drame: un pont en place depuis 1861, long de 97 mètres qui disparaît par plusieurs mètres de fond en quelques minutes....

Cette catastrophe causa un intense mouvement de curiosité, le dimanche qui suivit l'effondrement on vit arriver à Saint Pierre du Vauvray  venant de partout des curieux, en train, en voiture à vélos, jugez en:

             3500 voyageurs, dont 1300 venus de Louviers arrivérent à la gare de Saint Pierre du Vauvray, le train de 16h42 se composait de 22 wagons!

entre 14 et 16h défilèrent 300 à 400 voitures (nous étions en 1913) et des milliers de cyclistes. Pourtant il y avait peu à voir, les débris du pont avaient disparu dans la Seine, juste au milieu du fleuve quelques débris de fonte, mais qu'importe il fallait voir....

Les péniches qui avaient heurté le pont restèrent amarrées durant la durée de l'enquête soit à l'île du bac, soit à la rive droite de Saint Pierre du Vauvray Le cinéma Pathé, ainsi que le Petit Journal filmèrent l'emplacement de ce qui restait du pont, puis il fallu laisser la place à l'enquête et surtout penser au rétablissement de la circulation à la fois sur la Seine et entre les deux rives, mais cela c'est pour la prochaine fois..

Je reprends donc,

ENQUETE

Dés le 8 février l'enquête commença, sous la direction de Messieurs BEAUGUITE, Sous Préfet de Louviers, LORTON, ingénieur de la navigation de Seine, LORETTE , commandant la gendarmerie de l'arrondissement.   Des photos des péniches et des débris  furent prises par Monsieur MAURER photographe bien connu de LOUVIERS.

En fait il n'y eût pas de procés intenté aux mariniers , ni à la Cie de navigation des Porteurs réunis, de Lyon, Il fût admis néanmoins une faute, car le remorqueur s'était engagé à une vitesse bien supérieure à celle autorisée, de sorte qu'ajouté à la crue, l'accident était inévitable.

MESURES PRISES POUR LA TRAVERSEE DE LA SEINE

 

Les mesures prises par l'Administration permirent à la navigation de reprendre très rapidement, et en même temps elle rétablissait la communication entre les rives d'abord à l'aide d'une vedette "Caïman" qui pouvait transporter 30 personnes.

Elle fut trés vite abandonnée au profit du bac de Poses amené provisoirement; pour cela il fallût aménager un chemin sur l'ile du bac; trés vite également ce bac retourna à Poses, car un bac spécial permit de traverser la Seine 300 métres en amont . Ce bac à "traille" glissait le long d'un cable tendu, hâlé à bras par deux ou trois hommes, puis en mai 1914 le Conseil Général remplaçant la traction humaine par un bac à pétrole glissant le long de la traille.

Ce bac était mal commode, et souleva trés vite des protestations, les riverains habitués depuis 52 ans à la commodité d'un pont  exigérent une passerelle en bois, comme ce fût le cas à Andé, exigences manifestées d'autant plus vivement qu'en avril 1913 un train de péniches (encore!!) passant trop prés de l'ile du bac arracha la traille et le bac!.

La passerelle dont le projet était soutenu par Raoul Thorel, Conseiller Général de LOUVIERS, ne vit pas le jour, pourtant un habitant de Saint Pierre mena une bataille pour sa réalisation, nous étions en 1913, comme je le disais dans un autre billet Mars était en embuscade, 1914 et la grande guerre  se profilaient à l'horizon, le projet de passerelle tomba lui aussi à l'eau....

La coupure entre les deux rives dura 10 ans, pourtant une adjudication en 1914 pour la construction d'un pont en acier avait été faite, les Ets LE CREUSOT devait construire ce pont, hélas l'acier était nécessaire ailleurs..

L'accident de ce pont n'avait en fait que hâté sa mort,  et comme toujours le malheur des uns fait le bonheur des autres, le bac que l'on croyait complètement dépassé reprenait  le service qu'on lui avait retiré en 1861.

La paix revenue on fit de nouveaux projets pour le franchissement de la Seine, et cette fois plus d'acier, plus de fonte, plus d'arches entravant la navigation sur le bras de la Seine , mais un ouvrage ambitieux dont j'espère vous parler bientôt.

 

A bientôt................

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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