Le Consulat -suite du billet changement de régime-

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            Suite du Billet changement de régime.

           Ce nouveau régime avait pour but d'apporter une stabilisation, un nouvel ordre, et surtout la sécurité dans  le pays menacé sur ses frontières; en 1800 la FRANCE est mal en point, il fallait réorganiser l'administration, la justice, rétablir la paix dans les campagnes  confrontées au brigandage, se déplacer comportait des risques!! une réorganisation d'importance: les déclarations des naissances, mariages, décès; les registres paroissiaux tenus par les curés ont disparu au profit de nouveaux registres, CIVIL, cette fois, et rédigés par les membres du conseil municipal.Tout y est codifié, pré établi, de simples lignes à remplir selon l'objet de l'acte, naissance, mariage, décès des personnes concernées, suivent le nom des témoins et bien sur les signatures des membres du conseil, toujours les mêmes, ce qui nous permet de suivre l'évolution, si on peut dire, de notre village HEUQUEVILLE. Nous n'y retrouvons plus les anecdotes des curés fins observateurs de la vie de nos campagnes, mais il faut l'avouer plus facile à consulter, le sens de l'organisation de BONAPARTE se faisait déjà sentir;  Voici une  des premiéres pages:    

 

         An 9 de la ep

 

            A propos d'état civil, un nouveau petit clin d'oeil à la famille MONTIER, une des premieres naissances de 1800/:Scolastique MONTIER, fille de Nicolas MONTIER Maréchal,  cette famille fait  vraiment partie de notre village, aujourd'hui encore.

          Le consulat conserve les municipalités, une aubaine car cela nous permet de consulter les archives de notre commune; j'y trouverai peut être des choses intéressantes, ou pas, mais en tout état de cause les consulter contribuera à une meilleure compréhension de la maniére de vivre des habitants, et aussi mieux comprendre certaines décisions du conseil municipal.

          BONAPARTE se montrera à la hauteur de sa fonction de Premier Consul, entre autre en 1802 il mettra en place une fonction très importante: Les Préfets. Dans les délibérations  concernant notre commune on verra très souvent la formule: Monsieur le Préfet arrête..., et plus encore les Préfets nommeront les Maires,( pour les communes de moins de 5000h) le maire est chargé de l'administration de sa  commune ,les conseillers ne sont consultés que si le maire le décide, de plus le maire doit prêter serment à la Constitution, et c'est par lui que Les citoyens seront informés des changements de régime,des élections, des nouvelles lois.  

            La création de cette fonction renforcera le pouvoir et l'ambition du Premier Consul BONAPARTE. Une preuve s'il en était besoin, deux jours après l'acte  officiel authentifiant cette nouvelle fonction BONAPARTE emménagera dans l'ancien palais des Rois:  les Tuileries, son goût pour le pouvoir absolu se faisait jour doucement mais surement. 

           Mais revenons à notre commune, j'ai posé un cadre, je vais maintenant m'efforcer de le remplir ..Dans un premier temps je vais être dans l'obligation, à mon grand regret,  de passer sous silence une partie de la période de 1799 à 1810, pour une simple raison : j'ai vainement essayé de trouver les documents se rapportant à cette époque, peut être les trouverai-je un jour dans ce cas je compléterai le présent billet. Toutefois j'avais relevé, il y a bien longtemps lors de premières recherches quelques renseignements sur cette époque, entre autre une délibération concernant directement la nomination d'un instituteur à HEUQUEVILLE, c'était en février 1804. Ci dessous un résumé:    

             Le 15 pluviose an XII le maire Monsieur LEGENDRE fait part à son conseil que le citoyen CAMUS, instituteur à MORGNY, désirait se fixer à HEUQUEVILLE en qualité d'instituteur. Le conseil ,considérant la nécessité dans laquelle se trouve la commune depuis si longtemps privée de moyens pour l'éducation de sa jeunesse,  arrête ce qui suit:

            - le maire est autorisé à recevoir dans cette commune le citoyen CAMUS en qualité d'instituteur, et vu son certificat de bonnes moeurs et capacité il sera autorisé à exercer à HEUQUEVILLE pour un salaire de 30 livres , lequel sera prélevé chaque année sur les centimes additionnels. De plus il lui faudra:  "Entretenir l'horloge de l'église - battre le tambour pour les réquisitions du maire - faire les sépultures pour l'enterrement des morts"  un mois plus tard Monsieur CAMUS était en fonction.

             Ce Monsieur CAMUS ne restera pas longtemps en fonction, deux années tout au plus. En février 1804 nous étions encore sous le régime du Consulat. Dans un document relatant la nomination de Monsieur CAMUS il est dit que c'était probablement le premier instituteur d'HEUQUEVILLE, un petit rappel toutefois,  dans un de mes billets   -Maintenant le 18éme Siécle-   j'avais relevé que dans les registres PAROISSIAUX de 1776 l' acte de décès de DAVID Pierre Louis, maître d'école de cette paroisse, 52 ANS, inhumé dans le cimetière, nom de l'épouse TRINCELLE. Monsieur CAMUS n'était donc pas le premier instituteur civil d'HEUQUEVILLE. 

            Je pense qu'il est bon de faire remarquer que le nouveau régime, ni le suivant, ne seront favorables à l'ouverture d'une école dans un village, une des raisons:  un enfant à l'école, deux bras en moins au champ... Pourtant MIRABEAU disait durant la révolution:

              - Ceux qui veulent que le paysan ne sache ni lire ni écrire se sont fait sans doute un revenu de son ignorance... Bien vu.

             Je rappelle ici qu'en 1793 un décret avait rendu l'instrution obligatoire, gratuite et laïque dans chaque commune, mais le plus souvent, faute d'argent,  l'instituteur était obligé de faire la classe dans son habitation.

 

             En 1803, outre les passeports intérieurs, le Consulat introduira les LIVRETS OUVRIERS, le 9 frimaire. Ce document servira surtout à "domestiquer" les ouvriers; en fait il restreignait la liberté de circulation et les hommes ne pouvaient aller travailler là où il le désiraient sans autorisation. Je pense que c'est la raison de la formulation dans la délibération ci dessus: Le maire est autorisé à recevoir, etc, etc.

             1804 - Le consulat, sans pratiquement d'archives à HEUQUEVILLE sera renversé. BONAPARTE avait d'autres ambitions, sous le manteau du Premier Consul pointaient les ailes de son emblème, l'Aigle, elles ne tardèrent pas à se déployer ce sera chose faite le 28 floréal An XII. A cette date c'en est fini de la première République NAPOLEON est en place.

             Napoleon 2              

                         

               Peu à peu durant le Consulat il oublia une partie des valeurs pour lesquelles il avait combattu durant la Révolution; Il se fera proclamer Empereur en décembre 1804, et bien sur lui aussi voulût marquer son passage par un Hymne, ce sera Le chant du départ, appelé aussi par les révolutionnaires le" Frére de la Marseillaise" , preuve que malgré tout il était resté un enfant de la révolution... Un extrait:

              Ce chant a traversé les époques,   Monsieur GISCARD D ESTAING en avait fait son chant de campagne durant les élections présidentielles.

             Je n'ai pas abandonné les registres d'Etat Civil, mais rien de marquant en ce début de l'Empire, sauf peut être une preuve  que le moulin à vent , aujourd'hui moulin dit de la Vierge, (moulin saisi et restauré à la révolution) était encore en activité. Il s'agit d'un acte de naissance -acte de nouveau entièrement manuscrit, de proportions plus modestes que ceux sous le régime de la révolution, sans lignes pré imprimées. Le voici :     

              -   Acte de naissance le 21 prairial, an 13, ( 1805) 7h du matin, est comparu devant le Maire et Officiers municipaux, Jean Jacques De ROUEN, meunier en cette commune, 41 ans, lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin, né le jour d'hier, à 8h du soir, Mére Marguerite PREVOST, sa femme; prénom de l'enfant: Jacques Raphaël;    

                suivent les annotations habituelles. Sur l'acte l'Officier municipal a écrit le nom de famille en deux mots De ROUEN, l'intéressé a été plus modeste, signature: Derouen.. 

                 En 1806, bien que ce soit toujours l'Empire, les mois sont encore nommés sous leurs noms révolutionnaires, mais peu à peu les appellations grégoriennes réapparaissent. En 1807 , dans nos archives on trouve un arrêté du Préfet donnant son accord pour l'emploi d'une somme de 140 francs pour une réparation concernant la fabrique, l'église en l'occurrence,  il semble que l'église se détériorait..Cela ira de mal en pis!

              En ce qui concerne le registre des délibérations je n'ai plus rien jusqu'en 1810, année où un nouveau registre a été ouvert,on y trouve les noms des Officiers Municipaux en  activité: Nicolas DENESLE, Mattieu ACCARD, Jacques GRIEU, LEFEBVRE, JUGENOT, LESAGE, Nicolas MONTIER, le Maire M. LEGENDRE.

              Dans ce registre commencé en 1810 donc,  une grande partie des décisions prises au Conseil concernait la création et l'entretien  des chemins vicinaux, longtemps laissés en déshérence. Ces voies de communication qui reliaient les hameaux aux villages, et les villages entre eux étaient bien souvent dans un état pitoyable; peu praticables l'hiver, souvent une simple  voie étroite boueuse à souhait lors des intempéries.  Se rendre d'un hameau à l'autre s'avérait long et compliqué. En présence de ces délibérations je me suis demandée pourquoi cette subite frénésie de rendre les chemins plus aisés pour les habitants,, j'ai cherché et j'ai relevé que les chemins étant à la charge des communes ces dernières se devaient de les entretenir; ce n'était pas toujours le cas, et c'est pourquoi  le 21 plûviose   an XII une loi fût promulguée. Cette loi faisait obligation aux habitants des communes , HEUQUEVILLE  était dans ce cas, de donner 2 journées de travail pour l'entretien , la mise en place,et le transport des cailloux, les uns avec leurs chevaux s'ils en possédaient, les autres avec leurs brouettes...

              Même si cela peu sembler contraignant à nos yeux aujourd'hui, cette mesure évitait la création d'un nouvel impôt.  Pour réparer et rendre plus carrossables les chemins on eut besoin d'une grande quantité de cailloux. Cette matière première fût extraite des ravines avoisinantes et également dans la carrière  du Perrey .Il fallu dans un premier temps répertorier les chemins, et là on se rendit compte que des propriétaires peu scrupuleux avait englobé une partie de certains chemins dans leurs biens, une délibération du 21 juillet le souligne, voyez plutôt: 

               Une délibération de 1811 obligea un certain Monsieur BOURDON à rendre un terrain dont il s'était emparé lors des troubles de la Révolution  au détriment des habitants du LONDE. Après de longues discussions il s'est vu dans l'obligation de le rendre à la commune. 

                Un acte dans les registres paroissiaux de 1811 nous informe sur la dureté de  la vie à cette époque, voyez plutôt :  

                -  Ce jour, 29 janvier 1811 à 10h du matin l' adjoint et les Officiers municipaux ont déclaré qu'une fille mendiante âgée d'environ 16 à 17 ans, ayant les cheveux noirs, la figure ronde, le  teint coloré, ayant dit se nommer ROSE est décédée à 2 h du matin de ce jour dans l'étable à vaches du dit Sieur LEGENDRE, signé ....

                 Considérant qu'il s'agissait de la ferme d'HEUQUEVILLE de  Monsieur LEGENDRE, je regarderai maintenant différemment les bâtiments qui sont en face de chez moi, et j'aurai une pensée pour cette pauvre jeune fille si misérable et qui probablement a du mourir seule dans cette nuit froide de janvier..

                Registre Etat Civil pour 1811: 6 Naissances,  1 mariage,  13 décès.

                En 1812 le Conseil municipal autorise par délibération Mr Charles HAYET de remonter et soigner l'horloge de l'église tous les jours, il lui sera alloué pour cela la somme de 20 francs qui sera portée au budget de la commune.

                 Le 12 juillet le Conseil se plie à un arrêté du Préfet concernant la récolte de "Saigle"; cette dernière ne pourra avoir lieu dans la commune d'HEUQUEVILLE avant le 13 de ce mois. Le présent arrêté sera publié par les soins de Monsieur le Maire. Cette publication sera affiché forcément un dimanche, jour de conseil. Signé: GRIEU, LEFEBVRE, LESAGE, CHEDEVILLE, LEGENDRE Maire.

                  En 1812 c'est toujours par le Maire que les citoyens sont informés des changements de régime, des nouvelles lois, des informations concernant la vie de la commune (Ex la récolte de Saigle). Il peut le faire soit en chaire dans l'église, soit devant l'église; Les conseils se tenant toujours le dimanche (souvent à 7h du matin!!) c'était logique de procéder ainsi. --Une exception toutefois le 14 juillet 1790, jour où le conseil s'est réuni pour prêter le serment civique avec les habitants du village, comme précédemment dit, logique là aussi le 14 juillet tombait un mercredi...--( c'est un mardi 14 juillet 1789 que la révolution française fût effective)

                  En ce début du 19 éme siècle l'église semble bien mal en point, elle nécessitera par la suite d'importants et coûteux travaux pour lui donner le visage que nous lui connaissons aujourd'hui. (Une pièce maîtresse de cet édifice disparaîtra plusieurs décennies après) 

                  Monsieur LEGENDRE est nommé maire d'HEUQUEVILLE par le Préfet, il devra prêter serment de nouveau devant le Conseil Municipal, à haute voix, serment prescrit à l'article 56 durant la tenue de l'Empire.

                   SERMENT: Je jure obeissance à la constitution de l'Empire et fidélité à l'Empereur.

                  Vous pouvez constater que de civique à la Révolution,  le serment devient "Impérial", l'Empire était encore en place...

                   En 1812 il est fait état d'un bail concernant le presbytère pour loger le desservant se montant à 100 fr par an.

                   En 1812  les mois retrouvent peu à peu les noms grégoriens, les appellations révolutionnaires n'étaient plus de mise.

                   Je reviens maintenant sur un point qui m'avait intriguée. Dans le billet les enfants trouvés d'HEUQUEVILLE, il y a quelques temps maintenant j'avais évoqué la possibilité d'une Confrérie de Charité dans notre village, -- inhumation de Thomas CHAMPLAIN en 1708, en présence des frères de la confrérie du Rosaire--  confrérie de dévotion ou de Charité, mystère? sans preuves tangibles pas d'affirmation. Les AD sont pauvres sur le sujet, pourtant quelques documents permettent  aujourd'hui  d'assurer qu'elle existait bel et bien.  Les registres  pour la période du 19éme donnent Monsieur JUGENOT Echevin de cette confrérie en 1803, Philippe LE HEC prévôt en 1804 ainsi que Mattieu ACCARD, Echevin, LESAGE en qualité de Frère le 5 janvier 1806. Je pense trouver autre chose en poursuivant les recherches.Bien sur j'en ferai état.

                    Registre état civil/  Naissances 6,  pas de mariage,  10 décès.

                    1813/ Rien d'important, toujours les mêmes sujet de délibérations.

                     Registre d'état civil: Naissances 8,  mariages 14, décès 7.

                        

                   1814, nouveau changement de régime, en avril l'Empire avait rendu les armes; (je crois que l'emblème de la France aurait pu être à cette époque une girouette au gré du vent...) NAPOLEON malgré de grandes réussites militaires et civiles, Banque de France, Code civil, création de la Légion d'Honneur, etc..  - (Cette distinction remise très légèrement"il y a peu à un  certain "dignitaire" a du faire frémir le tombeau de Napoléon -) s'est vu contraint de laisser la place; de nouveau la FRANCE avait un Roi LOUIS XVIII.

                   Dans nos registres  d'état civil peu d'événement, toujours la présence d'un tailleur d'habits la commune était elle coquette???? A  cette date il est précisé que les registres étaient déposés au greffe du tribunal d'Andely.

                    Registre d'état civil:  Naissances 11,  mariages 3,  décès 11.

                    1815, toujours peu de chose, toutefois une naissance de jumeaux,  assez rare pour être relevée, dans la famille DENESLE. Toujours un tailleur d'habits.... Egalement le décès de Monsieur Louis JUGENOT le 12 avril 1815, acte de décès signé par l'officier EC son fils. Durant cette première restauration LOUIS XVIII ne modifiera pas les règles municipales instituées par NAPOLEON, les registres continueront à fonctionner comme durant l'Empire. Par contre les préfets, institution créée par l'Empereur , ne désigneront que des maires royalistes, plus d'écharpes tricolores, à la place ceintures et franges blanches, également cocarde blanche de la couleur de la Royauté. La nomination au lieu de l'élection fera que pour un temps encore le peuple des campagnes n'aura pas droit au chapitre..

                    Nous reverrons pour un temps NAPOLEON revenu de l'ile d'Elbe un soir de mars. Après une route triomphante à travers la France (Le vol de l'Aigle)  il reprendra le pouvoir pour "Les 100 jours" .  Une première mesure pour nos maires de  petites communes,( moins de 5000h) : le rétablissement des élections au suffrage censitaire des maires et des conseillers (décret du 20/04/1815) . Waterloo viendra balayer tous les espoirs et lors de la 2éme Restauration les maires royalistes relégués en mars seront rétablis.

                    Deuxiéme Restauration, LOUIS XVIII est de retour. Sitôt l'éxil de l'Empereur Monsieur le Comte de RONCHEROLLES rentre en FRANCE. Parti "émigré" il revient pour notre commune en mécène, nous le verrons plus loin; les mesures prises alors en faveur du retour des émigrés lui permettront de retrouver en partie son bien. Il sera par la suite élu député du 22/08/1815 au 5/09/1816, puis 2éme législature du 13/11/1820 au 24/12/1823  -  3éme législature  du 6/03/24 au 5/11/1827  et 4éme législature du 24//11/1827 au 16/mai/1830;

                    Durant le retour de la monarchie la Marseillaise fût, parait il, interdite en FRANCE..

                    1815 Registre état civil: Naissances 11, mariages 4,  décès 10. 

                    Durant l année  1816 rien de spécial dans notre commune, toujours les mêmes préoccupations que ci dessus.

                    Registre état civil: Naissances 16, mariages 2,  décès 11.

                    1817,   Les chemins toujours les chemins à mettre en place, à restaurer... Nicolas Montier était toujours au conseil municipal. En 1817 une délibération qui aura son importance concernait l'achat d'une maison appartenant à Monsieur LEGENDRE pour en faire un presbytère. Une question se pose : où était le précédent dont il est question en 1812, pour le moment pas de réponse. Cet achat sera le début d'une longue saga;  ci dessous un résumé de la délibération se rapportant à la promesse de vente en date du 23 mars 1817;

                    -  Le conseil présidé par Monsieur ACCARD, en l 'absence du maire, convoqué par lettre du Sous préfet le 30/09 s'est réuni. L'objet en était de nommer un expert; Le Conseil après délibération nomme Mr le Comte de RONCHEROLLES,lequel conjointement avec Monsieur DELAPLACE arpenteur expert nommé par  Mr LEGENDRE estimeront la valeur, en principe, de l'objet offert en vente .

                     Le Conseil charge Jean François LAFAUSSE maçon, muni de patente, demeurant à ANDELY, de lui présenter un devis estimatif des travaux à faire à l'objet dont il s'agit. 1° pour les réparations à faire aux bâtiments , 2° Pour l'estimation de la construction d'un four, 3° Enfin pour le mur de clôture et porte d'entrée dont les piliers seront en briques.  

                    Voici la copie de la délibération:Promesse de vente presbytere grande

     A ce niveau de mes recherches je n'ai aucune certitude quant à l'emplacement de ce presbytére , les descriptions peuvent faire penser qu'il pourrait s'agir de la trés jolie maison près de la salle des fêtes, mais c est trés incertain, qui vivra verra...En 1817 nouvelle délibération, on y trouve les devis à savoir: peix de la maison 2400 frs, travaux, 400 frs, frais 158 frs. Dans cette délibération il est dit :attendu que la commune n'a pas de revenus suffisants, elle supplie le Gouvernement de l'autoriser à imposer extraordinairement sur toutes les propriétés foncières la somme de 2958 frs.  Une autre délibération sur le même sujet, le 16/12/1817, résumé: VU l'ordonnance du ROY du 20/10/10817 , VU le contrat de vente fait par le Sieur LEGENDRE au profit de cette commune, passé devant Maître HALLOT Notaire aux ANDELYS sous la date de ce jour, autorise la commune à imposer sur les contribuables que la somme de 2900 frs, payable en trois années, mais il suit que la commune se serait trouvée dans l'impossibilité de faire cette acquisition et d'en payer le prix, --SI MONSIEUR DE RONCHEROLLES DANS LE DESIR DE PROCURER CET AVANTAGE A LA COMMUNE NE SE FUT OBLIGE DE PAYER POUR ELLE DANS L ANNEE A Mr LEGENDRE LES DEUX TIERS DU PRINCIPAL DE L'ACQUISITION DONT IL S'AGIT , et cela au moyen qu'il lui fût tenu compte pendant les deux années suivantes des intérêts de la somme par lui payée...... Les majuscules ne sont là que pour souligner la bonne volonté du Comte, chassé peu d' années auparavant d'HEUQUEVILLE. Mais je reviens à la délibération où il est dit que vu l'absolu nécessité des travaux se faisant sentir, et l'urgence de loger le desservant, une somme de 500frs sera imposée aux contribuables dans l'année.  -Il y a des modes qui ne changent pas, les impôts, semble t'il , sont de celles là-  Monsieur le Sous Préfet est  donc supplié d'ordonner que la somme de 500 frs soit supportée par les contribuables.... Cette délibération continue bien sur, et d'autres suivront sur le même sujet.

                     Etat civil: Naissances 10, mariages 3,décès 15.

                     

1818, l'achat de la maison destinée à loger le desservant occupe beaucoup le Conseil, à cela s'ajoute toujours des frais pour l'entretien de l'église;

Registre EC: Naissances 13, mariages 4, décès 5. Au sujet des mariages un sera noté sur les registres le 14 juillet, preuve qu'en 1818 on ne fêtait pas la prise de la Bastille, royauté oblige;

Je ne peux m'empêcher de remarquer que dans des temps certainement très difficiles pour la population, l'argent disponible, ou pas, était en priorité destiné aux édifices religieux, les écoles passaient bien après; dans notre commune il y aura un autre exemple de cela durant la seconde moitié du 19éme siécle où l'on préférera construire un nouveau presbytére, aujourd'hui siège de la mairie, au lieu de participer à la construction d'un pont sur la Seine ( Voir Billet HEUQUEVILLE fâché avec le progrès ) .

Plus haut j'ai évoqué 1815 en disant " peu de chose."... c'était une erreur, en effet à la toute fin de la première Restauration un fléau que nous connaissons toujours auourd'hui vint toucher notre commune, une EPIZOOTIE, d'après les détails donnés peut être la maladie de la vache folle, en tout cas une maladie contagieuse qui nécessita des mesures douloureuses pour les paysans qui n'avaient que quelques vaches qui paissaient ici où là.Devant la gravité de la situation le Conseil se réunira pour délibérer. Voici un extrait de cette délibération très difficile à lire.

--Le gouvernement de notre bon ROY indique que, celui que le mal pourrait affliger ne sera indemnisé de la perte qu'il pourra éprouver que dans la valeur de la vache, car jamais il ne pourra être indemnisé de la valeur des bénéfices, ni des engrais qu'il aurait pu en retirer, ce qui est impossible d'apprécier en la circonstance...Le Conseil Municipal décidera que le seul moyen d'enrayer ce fléau est de suspendre dans cet 

arrondissement tout espéce de commerce de vaches et ce pour le temps qu'il sera nécessaire.   En effet lorsqu'il est malheureusement touché, le seul remède est d'interdire tout commerce, même avec les certificats exigés, qu'il est trop facile d'avoir (!). Il y aura toujours des hommes assez immoraux pour calculer sur les malheurs d'autrui, pour des bénéfices considérables et très faciles à faire dans le moment, etc, etc.         

               Vous trouverez la suite dans le registre, encore une fois souvent illisible, mais si la forme peut être légèrement différente le fond lui, touche à la réalité. en 1794 déjà, et ce dans un temps où la vie était extrêmement difficile pour les paysans, une maladie du même genre causa de grandes pertes dans des troupeaux peu étoffés.)

 J'ai pris l'habitude de reprendre les Registres déjà consultés, et cette fois encore  dans celui de 1794  j'ai relevé une anecdote  qui m'avait échappée  et qui nous renseigne sur les misères de l'époque concernée: --  21 fructidor, AN II - Le citoyen Louis JAILLARD âgé de 70 ans demande un secours pour deux enfants morts en combattant les rebelles en VENDEE (certificats de mort à l'appui). Suivent dans la même délibération d'autres demandes toujours en relation avec des enfants qui servent la patrie. On constate avec cette délibération que beaucoup d'enfants  du pays étaient sur les champs de bataille... Ce JAILLARD était probablement de la même famille que le  curé du même nom.

 1819- Registres Etat civil: 6 Naissances, pas de mariages, 11 décès, pour les délibérations rien de nouveau, toujours les mêmes préoccupations........

                      1820 - Naissance d'un enfant naturel, CHARLES, ces enfants n'avaient aucun nom de famille, seul le prénom figurait sur les actes.On note dans les décès celui de Nicolas MONTIER, membre du conseil et bien sur maréchal ferrant; la forge restera néanmoins dans la famille ;

                      Registre EC naissances 13, mariages 2, décès 6 ;

                      1821- Les délibérations manquent d'originalités, toujours et encore la commune signale son manque de revenus aux autorités compétentes. Le presbytère s'avère toujours une croix bien lourde à porter pour les habitants du village. Rien dans les registres n'autorise à penser s'ils étaient d'accord ou non pour assumer cette charge.

                       Registre EC:: 9 Naissances, 9 décès;

                       1822- une somme de 169fr reste due à Monsieur le Comte de Roncherolles sur l'avance qu'il avait consentie pour l'achat du presbytère. Par délibération le Conseil Municipal désigne le bureau de poste des Andelys comme le plus commode pour la commune.

                        Registre état civil: Naissances 11, mariages 3, décès 12. A partir de 1822 les registres sont uniques, comme avant la révolution pour les naissances, mariages, décès.

                         

                        1823- La couverture du presbytère est refaite, des réparations sont nécessaires aux cloches de l'église, ainsi qu'a la grande porte du.......presbytère. Un acte de naissance prouve que la forge du maréchal ferrant est bien restée dans la famille MONTIER:  une  naissance d'une petite fille le 8 nov 1823, fille de Lucien Isidore MONTIER  Maréchal Ferrant.

                        Cette année 1823 verra arriver dans la commune un jeune instituteur de 16 ans, le Sieur HUBERT. Il avait obtenu son diplôme en Août. Son zèle à exercer son métier lui valu dans un premier temps la considération des villageois et de la municipalité, au point que le conseil lui accorda pour sa consommation les fruits communaux (pommiers et poiriers). Voici un résumé de la délibération/

                       --par délibération en date du 7 décembre 1823 le conseil municipal décide que les fruits des pommiers et des poiriers dans le bourg et dans le cimetiére seront pour le sieur HUBERT, instituteur, en raison de sa bonne conduite, et pour le soin qu'il donne à l'éducation et l'instruction des enfants, autant qu'il sera instituteur dans le bourg.--

                            Par la suite l'appréciation des uns et des autres changera, nous le verrons.

                         Registre état civil: Naissance 12 - mariage 10 - décès 13.

                          1824 -Registre Etat civil: Naissances 9, mariages 3, décès 9.

                          1825- déjà un changement par rapport à la délibération de 1823 puisque le produit de la vente des fruits communaux servira cette année là à rembourser une dette à Mr JUGENOT de 36 francs .

                           Registre Etat civil:  Naissances 8, mariages 4, décès10.  

                          1826- on délibère  sans fin sur les travaux à effectuer au presbytère, mais cette fois une précision semble intéressante,: ce presbytère donnait sur la cour de Monsieur de RONCHEROLLES. L'implantation se précise....

                           Registre Etat cicil: Naissances 11, 1 enfant naturel, mariage 1, décès 6.

                           1827- La création de nouvelles voies de circulation entre LES ANDELYS ET ROUEN nécessite des "arrangements"entre la commune et Monsieur le Comte de RONCHEROLLES. Une délibération en date du 16 septembre fait état de la suppression d'une partie du chemin vicinal dit friche de Saint Laurent , mesure rendue nécessaire par la création de la route départementale. cette suppression fera l'objet d'un échange de terrain entre la commune et Mr le Comte, échange, si l'on en croit la délibération, avantageux pour la commune. Jugez par cet extrait:

 

                    La commune abandonne un terrain en friche contenant 1 are et1/2 estimé par les experts à six francs, tandis que                          Monsieur le Comte de RONCHEROLLES cède un terrain en labour de trois métres et I/2 en largeur sur env  12 m                           de longueur estimé par les experts à 12 francs.

                             la délibération est très longue et précise, et cette fois encore le Comte se montra bon prince... D'ailleurs une autre délibération nous démontre s'il en était encore besoin que son avis était pris en considération, puisque le 11 novembre de la même année, sur demande de Monsieur le Préfet, le Conseil Municipal délibére pour nommer un propriétaire qui sera chargé d'accompagner Monsieur le Maire à l'assemblée cantonale afin de participer aux travaux de la répartition des contributions fonciéres , etc.. Monsieur le Comte de RONCHERTOLLES sera désigné à l'unanimité. Voici cette délibération:

                                                   Delib onze novembre roncherolles 

  

                                  Le presbytère fait encore parler de lui, toujours pour des réparations, une facture fait état de travaux effectués à l'écurie pour la somme de 86fr50, cette facture avait pour titre:   "Etat de l'ouvrage que ya à faire au prébitaire d'HEUQUEVILLE"....... Cette facture apporte de l'eau à mon moulin car dans la maison voisine de la mienne on y trouve toujours une écurie et un four, mais rien de certain il faut continuer les recherches. Ci dessous cette facture:

                       Facture reparation 2glise

                                               

                             Durant cette 1827 serment d'un ADJOINT et d'un membre du conseil municipal:   Monsieur LEGENDRE Marius, cette fois,nommé ADJOINT,  et Monsieur Pierre....... (peu lisible) nouvellement nommés par arrêté de Monsieur le Préfet en la date du 2 février dernier prêtent le serment suivant:   Je jure d'être fidèle au ROI et obéissance à la charte constitutionnelle, ainsi qu'aux lois du Royaume.    Ce rite était important, ce n'était pas qu'une simple formalité.

                              Le roi était bien sur CHARLES X, et la commune avait acheté un buste pour la salle des délibérations, en voici la facture:

                              Buste charles x                                               

                    6 Fr représentaient le prix du terrain échangé (voir plus haut), ou bien également I/2 journée de charroi avec un chariot et 3 chevaux .

                        Registre état civil: Naissances 8, mariages 2, décès 10. Hymne de la Restauration (cliquez ci dessous)         

                               1828-  l'échange concernant le chemin vicinal de la friche St Laurent est autorisé par le préfet. Des travaux à la couverture de l'église ont été effectués ainsi qu'une réparation du petit hangar du presbytère pour laquelle 400 bottes de chaume ont été livrées par Monsieur N.LEGENDRE. 

                               Les changements de domicile étaient toujours soumis à autorisation comme l'atteste la délibération du 7 février 1828 dans laquelle on peut lire que Monsieur J.P DELAMOTTE , cultivateur et membre du conseil municipal de cette commune et y demeurant, demande de changer son domicile pour habiter HERQUEVILLE, arrondissement de LOUVIERS. Autorisation lui en a été donnée 

                               Dans la première moitié du 19éme siècle beaucoup de délibérations de notre Conseil concernaient le traitement du garde champêtre. Cette fonction avait été instaurée dés 1791, mais c'est en 1795  qu'un statut sera clairement établi. Le garde champêtre est obligatoire dans toutes les communes, ils sont choisis par le Maire  et soumis à l'acceptation du conseil. Ils doivent savoir lire et écrire,  prêter le serment de veiller à la conservation de toutes les propriétés qui sont sous la loi publique et celles dont la garde leur est confiée. Il est un agent de la force publique (inscription au registre de la gendarmerie).

                                HEUQUEVILLE semble avoir eu beaucoup de difficultés pour établir et verser un salaire aux gardes champêtres, comme en témoignent de nombreuses délibérations.  Dans une lettre amusante, en réponse à une demande de son pére, maire d'HEUQUEVILLE, Monsieur LEGENDRE en fonction au Conseil de GUISENIERS, lui donne quelques conseils pour résoudre le problème, cela commence par:     Mon cher Papa, et se termine par:  ma femme se joint à moi pour vous prier de présenter nos hommages respectueux à notre chère Maman et d'embrasser pour nous notre bon enfant, et je vous prie de croire que je suis avec un profond respect votre fils. Signe LEGENDRE. Le langage si impersonnel  d'internet ne sévissait pas encore...Voici cette lettre:

                    Lettre garde champetre papa              Lettre garde champetre 2

 

       Le garde champêtre d' HEUQUEVILLE pour cette époque était Monsieur HAYET Jean Baptiste, âgé de 62 ans

                              Registre état civil: Naissances10, mariages 3, décès 3.

                              1829 pas de faits saillants;  Toujours travaux autour du présbytére.....L'inspecteur des contributions s'appelait MERMOZ.

                               Registre d'état civil: un enfant naturel -  naissances 9,  mariages 5, décès 11. 

                                1830 - les premiers mois de 1830 ne sont bien calmes pour   notre commune, toujours le presbytère,mais peut être est-ce parce que CHARLES X voulait réaffirmer le pouvoir de l'église et de ses représentants mis à mal par la révolution,d'où toutes ces mesures favorables à l'achat et à la restauration d'un presbytère, mesures très lourdes pour la commune et ses habitants. On peut remarquer aussi que la mise en place d'école préoccupait moins le Conseil Municipal.....(Sous le régime de CHARLES X on parlait de l'alliance du trône et de l'autel, tout cela sous la pression des Chevaliers de la foi...)

             Nous voici avec LOUIS PHILIPPE, Roi des Français,( LOUIS PHILIPPE n'était pas SACRE) et notre commune va pour un temps vivre sous ce régime. Une de ses premières mesures sera de rétablir le drapeau tricolore, nous avons parmi nos documents la copie de la circulaire du Sous Préfet du 4 août 1830, nous informant que Monsieur  le  Duc D'ORLEANS a été proclamé au rang de Lieutenant Général du Royaume. Il a ordonné que la nation française reprit ses couleurs:  - Je vous invite à faire arborer dans chaque commune le drapeau tricolore et à employer tous moyens d'autorité dans la conciliation qui sont en votre pouvoir,pour maintenir l'ordre, faire respecter la justice et la propriété.  Signé le Sous préfet Vicomte de LAITRE.-

            Un  "SOUVENIR " (= un rappel, ou réponse )du conseil municipal en date du 8 août 1830 nous informe que d'aprés l'ordre de Monsieur le Sous Préfet le drapeau a été placé à la pointe de la chapelle de la Vierge donnant sur la rue passant le long de l'église .  Voilà une affaire rondement menée !

            Drapeau tricolore 3                                      Le drapeau                                             

         Avec l'arrivée au pouvoir de LOUIS PHILIPPE Ier il semblerait que le peuple, par le biais des Conseils Municipaux  et des registres, était un peu mieux informé des événements qui concernaient leur pays, pour preuve, en bonne place dans nos registres justement, on peut voir:

           -- "NOTTES"  HISTORIQUES sur la Révolution arrivée dans le gouvernement au mois de juillet 1830" -     

          document envoyé à toutes les mairies le 15 août 1830. Ces notes sont intéressantes et se terminent par la proclamation aux français du Roi Louis Philippe (-profession de foi en quelque sorte).

         Je ne peux mettre ici in extenso les 7 pages du document, juste un résumé qui nous donne le ton des événements de cette révolution dite des ". Trois Glorieuses"

         La chambre des députés s'est réunie au mois de mars 1830  mais a été dissoute par le Roi CHARLES X aprés 15 ans et 20 jours. Le motif de cette dissolution: La chambre avait présenté au Roi une "adresse" qui lui avait paru offensante à sa majesté..... les nouvelles élections eurent lieu le 12 et 19 juillet, la nouvelle chambre avait prévu de se réunir  le 3 août. Auparavant le 25 juillet le dit CHARLES X a rendu les ordonnances  suivantes:

          -- un changement dans le mode des élections des députés.

           -- des lois favorisant les arrestations des manifestants

           --une autre limitant la liberté de la presse.

           Ces ordonnances ont laissés une place dans l'histoire sous le nom de "Ordonnances de Saint Cloud" .Ces décisions unilatérales seront le ferment des trois Glorieuses (journées des 27,28,29 juillet) journées qui verront mourir beaucoup de monde de part et d'autre, et pousseront le Roi à quitter le pouvoir et la FRANCE. Beaucoup d'autres indications intéressantes dans ces "NOTTES", elles sont à votre disposition dans nos documents. Je passe sur les péripéties de la succession de CHARLES X, ce n est pas le but de mon billet que de vous raconter l'histoire que vous connaissez certainement aussi bien que moi, j'essaie simplement de m'attacher à ce qui se rapporte à notre commune;simplement ce roi fût le dernier des Bourbons à régner sur la France, et nous voyons arriver un  d'.ORLEANS .Je reprends les nottes:

           la chambre des Députés et celle des Pairs s'est réunie le trois août, elles ont de suite nommé le Duc d'ORLEANS Lieutenant Général du Royaume , fait quelques changements à la Charte de LOUIS XVIII de 1814, et a définitivement nommé le Duc d'ORLEANS Roi des Français .   

           LOUIS PHILIPPE Ier a immédiatement prêté serment devant les Pairs et les Députés.

          --En présence de DIEU je jure d'observer fidèlement la Charte Constitutionnelle avec les modifications exprimées dans la déclaration, de ne gouverner que dans les lois , de faire rendre la justice, et d'agir dans l'intérêt et la gloire de la FRANCE.

           Extrait de la charte du 9 août 1830 envoyée donc officiellement à toutes les mairies, on y trouve également la proclamation du nouveau ROI adressée cette fois aux Maires et aux Députés mais aussi aux Français. (doc.envoyé le 15 août 1830, signé LOUIS PHILIPPE). C'est vraiment une chance que nous ayons pu conserver ces documents qui nous ouvrent les portes de notre histoire par leur simple consultation.

                                 Medaille des trois blorieuses

                    

           Ce changement de Roi à la tête de notre pays a provoqué par voie de conséquence un changement dans notre commune, le document relevé dans nos archives nous apprend que:  

           Ce jour onze de septembre 1830 devant nous Maire de la commune de HEUQUEVILLE, canton et arrondissement des ANDELYS, département de l'Eure est comparu Monsieur Anne Charles Léonor Comte de RONCHEROLLES, demeurant à PARIS rue Bourbon n°19, lequel nous a déclaré qu'il entendait cesser d'exercer ses droits politiques dans cette commune et en transférer l'exercice dans la ville de PARIS à son domicile sus dit rue Bourbon n°19 ce pourquoi il nous a requis de lui donner acte de cette déclaration, conformément aux dispositions du paragraphe deux de l'article 5 du décret du 17 janvier 1806 et a signé avec nous aprés lecture. 

               Changement de domicile

 

                 Après avoir consulté ce document j'ai cherché des renseignements complémentaires concernant la suite de la carrière politique du Comte dans les archives de l'Assemblée Nationale de cette époque, et après 1830 nous ne trouvons plus d'archives pour le Comte dans ce domaine. Durant sa mandature pour la période 1815/1816 il s'était prononcé pour la loi d'amnistie ( loi de janvier 1816 qui décrète une amnistie pleine et entière à tous ceux qui avaient pris part à la rébellion et à l'usurpation de Napoléon Bonaparte lors des 100 jours) et contre le mariage des prêtres. Malgré ses intentions annoncées dans la délibération ci dessus il ne se présentera pas aux élections de 1830. Devenu colonel durant la première Restauration il a été promu Maréchal de Camp le 1er novembre 1828.   

               Voilà pour Monsieur le Comte de RONCHEROLLES, personnage, comme j'ai déjà eu l'occasion de le préciser intéressant et qui a marqué la vie de notre petite commune.  En 1825 le Comte de RONCHEROLLES était frére de la  Confrérie de Charité du Rosaire.

               Comme je l'ai précisé plus haut, nous avons donc une fois encore un Roi, fût il des Français, à la tête de notre pays, et cette fois encore pour notre commune des nouvelles décisions s'imposent pou son bon fonctionnement; une des premières décisions en cette seconde moitié de 1830 concerne l'élection des gardes nationaux.   - Un petit rappel concernant ce corps créé en 1789, avec à sa tête le Marquis de LAFAYETTE -(il était encore actif en 1830 malgré son âge avancé pour l'époque: 73 ans...)  CHARLES X en 1827  craignant son influence grandissante et menaçante pour son régime avait ordonné sa dissolution, LOUIS PHILIPPE IER s'empressa de le réactiver, d'où la délibération dans nos registres. La prestation de serment des nouveaux gardes se fera quelques mois plus tard en 1831.

               -Fruits communaux Dans les années 1830 et suivantes la vente de ces fruits (pommiers et poiriers, souvent dans le cimetière) se faisait par adjudication, mais comme pour les briques, il semblerait que seuls les conseillers municipaux avaient le, ou les moyens de les acquérir, et ce pratiquement chaque année -( décret du 30/12/1809 article 36: le produit de la vente des fruits appartient à la fabrique )---Un rappel: L'instituteur HUBERT, en raison de sa bonne conduite, avait eu le bénéfice des fruits en 1824..

              Etat Civil: Naissance 7, Mariage 4, Décès 6. 

              1831 - La nomination des officiers de la Garde Nationale ayant eu lieu en 1830, il leur fallait maintenant prêter serment, ce sera fait par le biais d'une délibération en date du 24 avril 1831, heure de midi, la voici en partie:   

              -Devant nous Maire de la commune d'HEUQUEVILLE sont comparus les officiers et commandant de tous  grades de la garde nationale de cette commune, ci après nommés:

               Savoir: Le Sieur Jean Louis BERCHEUX lieutenant, le Sieur Pierre DUVAL sous lieutenant, Le Sieur VAVASSEUR Hubert, le Sieur Louis Armand LEVAVASSEUR sergent, le Sieur Jacques DESPORTES sergent, le Sieur Pierre CANTELOU caporal et le Sieur Hyacinthe LESAGE caporal, lesquels au vu de l'article 59 de la loi du 22/3 dernier ont devant nous prêté serment( individuel.) qui suit:

              -Je jure fidélité au Roi des Français, obéissance à la Charte en cours et aux lois du royaume. - laquelle prestation de serment nous avons dressé acte que les comparants ont signé avec nous après lecture.   Signature du Maire et du conseil.

               Dans les registres de 1831 on trouve également dans nos registres le serment, cette fois du Maire Monsieur LEGENDRE, fils du précédent LEGENDRE, maire durant 35 ans, et de Monsieur Jacques DESPORTES maire adjoint (toujours nommés par arrêté du Préfet, ) même serment que pour les gardes nationaux. Comme vous pouvez le constater les serments se succédaient au rythme des changements de régime, ou de Roi, ils concernaient souvent les mêmes hommes, les mêmes conseillers en place dans les communes , cela aurait pu nuire à la solennité et la sincérité de cet acte, mais j'aime à croire qu'ils le prêtaient en leur âme et conscience à la nation et non pas à l'homme en place, quelquefois très brièvement.....

               Traitement de l'Instituteur:  - Une délibération sur ce sujet épineux à l'époque, comme pour le traitement du Garde Champêtre c'était un vrai casse tête pour le Conseil en place, qui une fois de plus "supplie" Monsieur le Préfet de suppléer aux 139 fr dont la commune dispose par des fonds départementaux pour parvenir aux 200 fr que la loi accorde à l'instituteur .  Le Conseil  fixe également dans cette même délibération le montant que chaque élève doit payer chaque mois à l'instituteur:  - "  Rétribution faite eu égard à l'âge des enfants, à la faculté qu'ils peuvent avoir alors pour ENTENDRE, CONCEVOIR,JUGER et RETENIR dans leur mémoire les leçons qu'ils leur sont données: depuis 5 ans jusqu'à 7 ans:  0,75 c  - 7 ans à 9 ans: 1 fr - 9 ans à 10 ans: 1,25 Fr - 10 ans à 11 ans: 1,50 Fr - 12 ans et au delà 2 fr.  DE PLUS l'instituteur donnera l'instruction gratuitement aux enfants ci après: aux deux enfants de la Vve Marie GROULT, à Opportune HUET orpheline, à l'enfant Romain DUPUIS, à l'enfant naturel de Félicité LEHEC, aux enfants de la Vve HUBERT, à l'enfant DENESLE, etc, etc.  

                J'entre peut être dans les détails, mais il est réconfortant de voir que malgré la dureté de l'époque et le peu de moyen de la commune on se souciait des infortunés. Comme on le voit l'instruction à cette époque n'était pas gratuite, il fallu attendre les Lois FERRY de 1881 et 1882 pour qu'enfin l'enseignement primaire public soit accessible gratuitement. Cette instruction obligatoire pouvait être dispensée dans différents endroits: écoles publiques ou libres, où dans les familles par le père ou la mère, donc,  malgré ce que l'on dit souvent l'école n'est pas obligatoire, seule l'instruction l'est; (les familles qui se chargent d'instruire leurs enfants sont soumises à une obligation de déclaration). Les communes souhaiteront pourtant  avoir une école ne serait-ce que pour fixer une population, HEUQUEVILLE ne faillira pas à la règle et construira une école, immeuble qui existe encore aujourd'hui, j'en parlerai probablement un peu plus tard au fil des délibérations, qui fort heureusement pour moi deviennent plus lisibles que les registres du 17 éme siècle, et favorisent la consultation!!   

                Restons sur le sujet de l'école, sujet trés épineux, avec personnage principal le "Sieur" HUBERT, ce jeune instituteur qui était arrivé en 1823 à l'âge de 16ans pour dispenser le savoir aux enfants de la commune. En 1823 il réunissait tous les suffrages mais bien vite les relations avec le Conseil Municipal et le maire vont devenir trés tendues.....

                --En juillet 1832 suite aux plaintes de certains parents le Conseil est amené à examiner le cas du "Sieur "HUBERT, (jamais son prénom n'apparaîtra dans les délibérations). Le Conseil délibère longuement sur le sujet, plusieurs pages que je vais essayer de condenser:

                D'abord si une ordonnance Royale du 14/02/1830 rappelle  au Conseil que s'il est du devoir de la commune  d'assurer une existence  honnête à l'instituteur il est aussi de son devoir de veiller à l'instruction, à la sûreté, et à la moralité des enfants. Or le Sieur HUBERT ne tient pas son école, n'offre aucun moyen  de donner  l'instruction dont ils ont besoin.aux enfants qui lui sont confiés.

                 De plus, au lieu de traiter les enfants avec douceur et d'une manière convenable, il les maltraite parfois jusqu'au sang, notamment une petite fille, Françoise EVRARD de FRETEVILLE; plainte a été portée par le père auprès du Maire , puis auprès du Procureur du ROI (29/2/1831) avec à l'appui un certificat d'un médecin andelysien. Il en résulte que si l'école était trés fréquentée il y a quelques années,  en ce début de 1832 peu d'enfants à cause des mauvais traitements qu'ils y éprouvent....

                 En outre, les instituteurs doivent donner le bon exemple, également à l'église, or Sieur HUBERT ne cesse de se faire remarquer, crie et chante trop fort -il avait été exclu du chant du Lutrin- gesticule bref sème le trouble -délit prévu par l'article 261 du code pénal. Avertissement lui en été donné, une première fois verbalement, et par lettre du Maire, en vain...

                 Une autre chose encore, refus de déclarer la naissance de son enfant en mairie, comme pourtant le code civil l'y oblige; le Maire n'au pu le faire qu'après avoir été autorisé par le Procureur du ROI. Un irréductible ce Sieur HUBERT!

                  Mais il y a plus, HUBERT était capitaine de la Garde Nationale et tout imbu de ce grade il s'est cru permis dans la nuit du 11 au 12 Juin 1832 jour d'une assemblée dans la commune de faire la loi dans la rue, sans aucun ordre du Maire,  d'insulter les gens, et là cela se corse, d'interpeller 5 jeunes gens de CUVERVILLE lesquels s'en retournaient bien tranquillement chez eux, les menaçant de leur passer son épée, qu'il avait à la main, à travers le corps en disant qu'il était investi par le Maire, ce qui était faux bien sur, et les a conduits au corps de garde. Le 17 juin plainte a été déposée par trois de ces jeunes gens et adressée au Procureur du ROI. Le Conseil a décrété que c'est de la part du Sieur HUBERT, capitaine des officiers de la garde, une entreprise sur les droits de l'autorité municipale, et contrevenant à l'article 6 de la loi du 22 mars 1831. Ci dessous voici à quoi ressemblait un garde national à cette époque: 

 

                          Garde national 1832         

   

                -- Le Mari: le Conseil préfère passer sous silence la conduite du Sieur HUBERT avant et après son mariage à l'égard de son épouse, un scandale public....

                Tout cela fait que le Conseil Municipal décidera après en avoir délibéré:

                1°) de ne plus allouer sur le budget aucune somme pour le traitement et le logement du dit HUBERT, et ce jusqu'à la fin de ses fonctions d'instituteur dans la commune.

                2°) la délibération sera adressée par le Maire au Sous Préfet,  au Procureur du ROI pour ce qui concerne la plainte des jeunes gens de CUVERVILLE, enfin au président du comité d'instruction publique du canton des ANDELYS. 

                                       Délibéré et Signé.

                --Réplique du Sieur HUBERT:

                Le 18/08/1832 Sieur HUBERT répliquera par une pétition adressée au Sous Préfet, contresignée par des habitants de la Commune. Ayant assuré de sa propre initiative ( et peut être par esprit civique, allez savoir..) l'éducation des pauvres de la commune, il souhaite pour ce service que la commune lui verse 90 F; crime de lèse majesté aux yeux du Conseil qui à son tour répliquera par des délibérations condamnant le Sieur HUBERT, auteur et organisateur de la diffusion de la pétition.

                 Quelques mois passèrent..........mais à lire les délibérations qui suivent le temps n'apportera aucun apaisement entre les belligérants.

                 --Où l'on délibére toujours Le Conseil Municipal est convoqué par le Maire pour étudier la demande des 90 fr.

                  - Vu la lettre du Sous Préfet 27/10/1832, Vu la délibération du CM du 1/07/1832, communiquée à Sieur HUBERT. Le Conseil Municipal ayant été mis au courant de la plainte adressée à Monsieur le Sous Préfet par HUBERT contre le Maire Monsieur LEGENDRE, et son pére ancien maire de la commune durant 35 ans:

                  -- Considérant que la plainte est sans motif et adressée au Sous Préfet avant la date du 1er juillet,

                  --Considérant que le Maire ( s'ensuit des louanges auto-proclamées sur le Maire en place et son père) le Maire et son équipe, du travail accompli et de l'estime des habitants de la commune, etc, etc  le Conseil dément tous les faits énumérés par le Sieur HUBERT dans la pétition, qu'ils sont faux et diffamatoires, que de ce fait le dit instituteur ne peut inspirer à ses élèves le respect des principes de vérités, de justice et de modération. 

                  Mais, aux yeux du Conseil il y a plus grave, car Monsieur HUBERT fait observer dans sa pétition qu'il a donné l'instruction aux enfants pauvres GRATUITEMENT sans l'autorisation du conseil (!)  pour cela il ne recevra aucun traitement, ni indemnité de logement. Tout cela fera que HUBERT démissionnera, restera pour un temps dans la commune avec les démêlés que l'on suppose.

                    -- Démission du SIEUR HUBERT:( le 18 décembre 1832) Ce document a disparu dans les registres, selon une note en marge de la délibération il y était annexé  Cette démission est attachée au grand feuillet cy devant dans le registre. C'est bien dommage que ce document  probablement intéressant ait disparu. Malgré sa démission Mr HUBERT essaiera de continuer à donner l'instruction primaire aux enfants,mais une fois de plus le Maire et son Conseil essaieront de l'en empêcher en lui refusant le certificat de moralité nécessaire à l'exercice de la fonction. Ce conseil avait la rancune tenace, mais HUBERT ne l'était pas moins, aussi en février 1836 écrira t'il une nouvelle fois au Maire pour lui signaler une erreur commise par ses services quant à son imposition sur la liste des électeurs communaux . IL y figurait comme payant 27fr 38 d'impôts alors qu'en réalité il était imposé pour 32fr 15, ce qui avec le système en place le défavorisait.. Le Conseil se trouvera contraint de délibérer et de lui rendre justice (mai 1836) et également le conseil devra lui retourner ses avertissements. Voici ce courrier:

                    Hubert impositions

                   

                  Je ne sais pas ce qu'il faut penser de ce Monsieur HUBERT, les renseignements mentionnés sont ils impartiaux?? mystère, mais en tout état de cause ce tout jeune homme de 16 ans nommé instituteur, semblait, du point de vue de son métier, être à la hauteur de sa tâche, à en juger par le courrier ci dessus, seul manuscrit de sa main  trouvé dans les registres. Belle écriture coulée et lisible, sans faute, d'un style clair, nettement au dessus par l'écriture et par le ton, des comptes rendus des délibérations de l'époque dans les registres.

                  Je vais essayer de vous dépeindre la vie du Sieur HUBERT, pour cela il m'a fallu croiser des registres, et le premier point positif, au détour d'un acte de mariage j'ai pu donner un prénom à "Sieur" HUBERT, instituteur à HEUQUEVILLE; il se prénommait  Julien,  était né à FRESNE L ARCHEVEQUE le 13 brumaire an 13 de la République. Ayant satisfait à la loi de recrutement de l'armée il fût dispensé de service militaire comme: "Breveté d'Emploi" délivré par la Commission d'Instruction Publique. Son père Jean Basille était Propriétaire (..). Julien se maria à HEUQUEVILLE en 1827, le 30/10 avec Catherine ACCARD; Trois enfants naitront de cette union, un seul survivra, une petite fille Marie Françoise Eulalie née le 13 février 1828. Le "Scandale" dont il est question dans la délibération relatée plus haut (délibération de juillet 1832) qui conduira à la démission de Julien HUBERT, peut être dû au fait que Catherine ACCARD était "grosse" de plusieurs mois à la date du mariage; dans ce premier tiers du 19é Siécle allez savoir......       

                 Le petit Démoscéne né le 22/08/1829 est l'enfant dont le père refusera l'enregistrement dans les REC .Il décédera le premier janvier 1830, bien triste façon de commencer une année. Le troisième enfant, une petite Marie ne vivra que quelques jours. 

                 De nouveaux les mois se succèdent, Julien HUBERT continuera à éduquer les enfants pauvres, mais cela ne durera pas

                 J'en ai pratiquement terminé avec le panégyrique de Monsieur Julien HUBERT, néanmoins nous  reparlerons encore un peu de ce personnage qui a animé la vie de notre village durant plusieurs années.  

                     Drapeau francais en berne

        En ces jours terrifiants que dire de plus??.....   - 14 Juillet 2016 -

              Vous trouverez la suite de ce billet commencé sous le Consulet dans le prochain billet qui nous ménera à la 2éme République, et peut être au delà..

 

         

 

       

 

         

 

 

              

                

                

            

                

                                     

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