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les enfant trouvés d heuqueville

 

 

 

Pourquoi les enfants trouvés d'Heuqueville allez vous dire?En fait vous en aurez l' explication plus loin, comme toujours cela     résulte de la consultation de vieux documents si riches en enseignements pour peu que l'on soit curieux ou curieuses, pour moi la curiosité est le plus beau des défauts..Mais d'abord je voudrais vous dire mon intérêt pour les cimetières, car je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne lors de mes déplacements pour le plaisir en France où ailleurs j'aime  m'y promener, j'y retrouve le calme et la paix, deux choses très rares aujourd'hui, également j'y rencontre presque toujours des chats dormant, d'un oeil bien sur, sur les vieilles pierres tombales de préférence ensoleillées.... ces visites m'ont incitée à m'intéresser à l'histoire de ces lieux, et par voie de conséquence au cimetière  du village où je réside, Heuqueville, . Pourquoi les enfants trouvés d'Heuqueville allez vous dire? en fait vous en aurez l'explication plus loin, comme  toujours cela , ou relève du hasard des recherches , et voici quelques faits relevés ici où là.

Les vieux documents sont souvent difficiles à lire, aussi je m'arrête plus volontiers sur ceux facilement accessibles, l'habitude venant j'irai plus à fond,et remonterai le temps, donc vous l'avez compris mon récit ne sera pas chronologique... bien sur ce ne seront que des recherches personnelles, qui n'engageront que moi. Par contre je remercie ici la gentillesse de la personne qui a la responsabilité de ces documents, Madame LELARGE, et qui à chaque fois se prête à mes demandes.

Dans ces vieux documents, dont certains remontent au début du 17éme siècle on trouve trace de ce qui était alors autorisé, les inhumations  à l'intérieur des églises; ce fait n'était pas réservé aux seigneurs des lieux,comme beaucoup le pense,  à savoir quelques exemples parmi d'autres, Marie Gouderel décédée en 1643, inhumée dans l'église, également ,.Marie Decquoy 80 ans, Bernard Lemaitre, Magdeleine Le Moyne, etc, etc;( à la même époque) Plus tard je ferai un petit historique sur l'histoire des cimetières et des règlements qui les géraient, c'est intéressant et explique bien des choses, mais pour l'instant restons à Heuqueville.

Il arrivait aussi que l'on inhumait dans la cour de l'église,  ou le "coeur" (peu lisible)ce fût le cas pour un curé qui officiait en 1680, Messire Jullian Laurent, de son vivant curé de la paroisse de Saint Germain d'Heuqueville, il décéda le dimanche 11 novembre 1685. Son inhumation eût lieu en présence d'un autre prêtre celui de Saint Martin de la Roquette, venu pour bénir sa dépouille, à  quel endroit est il , je ne sais, mais il y est.............

En remuant tous ces vieux papiers, peu à peu resurgissent ces petits enfants, morts souvent très jeunes et dont je me plais à faire revivre ici la mémoire;Des noms encore portés à Heuqueville viennent nous rappeler que souvent nous venons de trés loin dans le temps, un exemple, la Famille Montier.Cette famille est citée dans des documents  du 17éme siécle, une petite Catherine fût inhumée dans le cimetiére le 27 Mars 1686 ,(fille de CHRISTOPHE Montier, fils  lui même de Jacques Montier et Catherine Viguereux, frére de Louis Montier né en 1656 ) elle était née en 1680, et avait pour parrain Louis MONTIER ;  également Philippe MONTIER, fils de Louis et de Fr. Enault, mort le 29 éme jour de mars 1715,  âgé de prés de quatre ans, inhumé DANS l'église, le lendemain, par nous curé Julienne. 

Dans le cimetière, tout contre le mur de l'église, comme le voulait  une tradition ancestrale, on peut voir 3 émouvantes tombes d'enfants, l'une d'elles est celle d'un petit garçon d'un jour, d'une famille très présente dans l'histoire du village, dont les descendants sont toujours  présents à Heuqueville..

                                                             Img 3662 

 Il apparaît aussi que certains défunts étaient inhumés en présence des confréries de charités, ce fût le cas, un parmi d'autres, pour Noël Mouassenne(orthographe incertaine) inhumé en présence des Frères de la Charité de Connelles; je n'en connais pas la raison.

Thomas Champain, décédé en 1708,  le neuf  (décembre, ou janvier) , a été inhumé le lendemain, en présence bien sur du prêtre, mais aussi  des frères de la Confrérie du Rosaire, dont il était.Ce fait peut avoir son importance car, comme je l'ai déjà mentionné, dans un autre billet,  je cherche à retrouver l'histoire de la Charité  présente à Heuqueville, en  était ce le début? était ce bien celle dont on retrouve des attributs dans l'église aujourd'hui,? rien ne me permet de l'affirmer, car cette confrérie du Rosaire n'était peut être qu'une confrérie de dévotion,également en 1719, un certain Langlois âgé de 60 ans, décédé en avril a lui aussi été inhumé en présence, non seulement de "NOUS" prêtre, curé de cette paroisse ( Julienne à Heuqueville) et des frères de la confrérie, Charité,  Dévotion? là encore pas de précision , mais je continue à chercher, car  comme ma Maman me le  disait, lorsque l'on cherche on trouve.... 

Dans ces vieux grimoires on trouve également des drames, à cette époque en effet dans les actes de décès on en  donnait souvent la cause, je n'en citerai qu'un, bien triste, à savoir:    Anne Bosnit où Boismit, fille d'Adrian et de Marguerite Denesle, a été étouffée dans une carrière en "tirant" du sable ( marne??) le 26 décembre 1703, elle était âgée de 18 ans . Inhumation le lendemain dans le cimetière . Curé Julienne.

Oui beaucoup de choses tristes dans ces documents, mais en les relatant je me plais à imaginer ces petites filles, petits garçons, jeune fille, allant venant dans cette commune, et ses hameaux, pour un court moment ils sont parmi nous... 

.Il y a quelque chose de saisissant, tout du moins pour moi, dans la consultation des registres anciens, c'est le raccourci entre la naissance et la mort. D'abord bien écrit (il y avait de très belles écritures) l'acte de naissance soigneusement détaillé, le baptême, une forme de reconnaissance, les noms du parrain et de la marraine , et puis souvent, trop souvent, simplement tracé dans la marge de l'acte primitif, un obït, pour signaler le décès, quelques jours, quelques semaines, voire 3/4 années de vie, c'en était fini de ces enfants, ils, ou elle avaient vécu..... oui  les enfants n'avaient pas le temps de grandir dans ces temps certainement difficiles. Un simple exemple, portant  sur un nom déjà cité et toujours connu dans ce village: 

-1700, registre des naissances, Ce jour naissance d'un fils issu du mariage de Louis Montier et de Françoise Enault, baptisé sous le nom de Mathieu, parrain Mathieu de Brécey et marraine"Honorable dame" Gosselin.  ---Il y avait un  seigneur Gédéon de Gosselin de Marrigny, baron de Heuqueville en  1690, sa présence était encore attestée en 1721,  ---Je reviendrai plus loin sur ces deux familles Brécey et Gosselin, les renseignements sont peu précis, il me faut encore chercher.....

-1700, même registre, immédiatement aprés, Mort de Mathieu le 16 mars, inhumé DANS l'église , je vous le disais quelques jours, quelques semaines.....C'est à ma connaissance le premier enfant de cette famille inhumé dans l'église, un autre le sera aprés, mais comme je vous l'ai déjà précisé mon récit n'est pas chronologique.

Peu de naissance de jumeaux entre 1603 et 1700, je n'en ai trouvé qu'une en avril 1700 provenant du mariage de Michel Lefrançois et de Madeleine Morlet, lesquels on été baptisés ce même jour et nommé l'un Philippe par Philippe Le Hous et Marie Cornillor, et l'autre Michel par J.Vegnault( ou Régnault) et Magdeleine Dusac (ou Dutac), parrains et marraines.

Pourtant à certains enfants on donnait une chance , né en ville quelquefois les parents les amenaient en nourrice dans les campagnes, à Heuqueville comme ailleurs, pour preuve:

-une petite Jeanne Karouël, ou Carrouël, fille de Karrouël, officier du Guet, rue Verbois à Paris fût mise en nourrice chez Simon Dupuis habitant Le Londe, hameau de cette paroisse, on espérait ainsi que le "bon air" l'aiderait mais elle mourrût en 1715. Inhumation  le lendemain, dans le cimetiére du dit lieu d'Heuqueville par Nous curé Julienne.

Un officier du Guet avait pour charge de surveiller, soit à pied, soit à cheval, ce qui se passait dans Paris afin de prévénir toutes mauvaises actions. C'est Saint Louis qui créa cette fonction. Cette unité sera absorbée ensuite par la Garde Nationale. Vous connaissez tous et toutes la chanson qui se rapporte à cette unité:  Compagnons de la Marjolaine, oui les chansons  aussi ont une histoire...    

   

Heuqueville 2

Péril de mort.        Dans ces registres il nous est également indiqué que des baptêmes étaient donnés "à la maison" par péril de mort, par la sage femme , exemple:     le 27 septembre 1695 ont été données les cérémonies du Saint Sacrement de baptême à Marguerite Lefrançois , fille de Michel Lefrançois et de Madeleine Morlet, laquelle a été baptisée à la maison par péril de mort par Marie Fiernet, sage femme, comme il nous a été attesté et nommée par Jacques Levigreux (où Figuereux) et Marguerite Denesle parrain et marraine.

Lorsqu'il arrivait que des enfants meurent sans être baptisés  ils étaient inhumés tout contre le mur, souvent sud, de l'église, afin que l'eau de ruissellement du toit de l église, qui était consacrée, vienne les bénir...... pieuse intention.

Nous arrivons maintenant à l'histoire des enfants trouvés d'heuqueville

Saint vincent de paul

              

             Oui nous arrivons aux enfants trouvés, pas trouvés à Heuqueville, vous l'aurez compris, mais dans les villes, notamment à Paris.

La petite Jeanne dont je viens de vous parler avait des parents, elle avait été mise volontairement en nourrice, mais à coté de cela il y avait une quantité invraisemblable d'enfants abandonnés dans tout le pays, dont le sort était effrayant; peu de gens s'en souciait. Heureusement un personnage que chacun connait, croyant ou pas, ému de tant de misére, et devant le nombre grandissant d'abandons, décida de prendre des mesures, il s'agit de Saint Vincent de Paul.  (1581 - 1660)

           Cet homme, humaniste dans le plein sens du terme, comme l'était l'Abbé Rever, dont je vous ai raconté la vie dans un autre billet, décida  en 1638 , avec l'aide d'une religieuse de l'institution des Filles de Charité , Louise de Marillac, de créer"La Maison de la Couche", sur le parvis de Notre Dame. Les femmes venaient là pour mettre au monde des enfants qu'elles ne souhaitaient, ou ne pouvaient pas garder, souvent à cause de la misère (le prix du blé certaines années ne permettait pas de nourrir la famille, a cause souvent  en était des hivers rigoureux, avec gel intense) ou bien parce qu'il s'agissait d'enfants illégitimes, et bien d'autres raisons encore......

En 1648 on trouvait dans cette maison plusieurs centaines d'enfants.

En 1670, 10 ans après la mort de Saint Vincent de Paul, son oeuvre sera reconnue, cela deviendra l'Hôpital des enfants trouvés. (Hôpital, à cette époque voulait aussi dire hospitalité). Cet hôpital sera réuni à l'hôpital général, ce qui lui assurera des ressources régulières.Les Rois de cette époque pourvoyaient dans une certaine mesure à l'entretien des lieux; déjà en1572 un arrêt du Parlement de Paris obligeait les seigneurs Hauts Justiciers à pourvoir à l'entretien de ces infortunés enfants abandonnés; Heuqueville était dans ce cas;

Dans le meilleur des cas ces bébés étaient déposés "Au Tour", c'est à dire une porte tournante, anonyme,avec une cloche actionnée par la pauvre femme qui déposait son enfant. Ce tour faisait souvent partie d'un couvent; on appelait ces bébés les "enfants exposés". Au bout d'un certain laps de temps les enfants étaient placés en nourrice, plus où moins loin de Paris. Une zone était déterminée, on y trouvait des "nourrices mercenaires". Quelquefois le lieu était trés éloigné de Paris, un exemple qui nous concerne, le Londe à Heuqueville.

Les enfants souvent mouraient avant d'arriver chez ces femmes, qui la plupart du temps ne voyaient  que le côté mercantile de ces placements. Ils mouraient à cause entre autre des conditions de transport, car ce dernier se faisait au mieux dans la charrette des colporteurs qui parcouraient la France, ou pire à dos d'homme dans les panniers de colportage.....

Imaginez le calvaire de ces petits, ballotés par tous les temps! S'ils avaient la chance de tomber chez une brave femme ils pouvaient vivre quelques temps, mais très souvent la mort arrivait trés vite, ce qui devait être une délivrance; la mortalité était effrayante, un exemple dans un village de la région parisienne 142 enfants furent placés, aucun ne survivra.

Ces petits reposent probablement quelque part dans le cimetière d'Heuqueville, ou dans l'église; bien sur certains ont dû survivre, et peut être qu'aujourd'hui croisons nous sans le savoir des descendants de ces enfants se promenant dans le village......

Quelques noms de familles "d'accueil" de l'époque:  Benoist, Pigache, Boveler, etc, etc..

Je pourrais continuer ce récit longtemps encore, mais le temps me manque, j'y reviendrai, probablement au hasard d'autres anecdotes, mon intention en commençant était d'attirer votre attention sur la façon dont vivaient et mouraient il y a quatre siècles les habitants de ce village, Heuqueville,  perdu dans la campagne normande. Il y a encore beaucoup à dire.   

    

                     Tour d abandon rouen 2      

   Un peu plus haut dans mon  récit j'ai parlé des "tours d'abandon" ces tours étaient obligatoires dans les grandes villes, et ce pour éviter autant que possible les infanticides et les avortements, la photo  ci dessus nous montre celui de Rouen installé en 1813,il existe encore aujourd'hui et témoigne de cette époque difficile pour les femmes;  

Un de nos plus grands philosophes du siécle des Lumiéres JJ ROUSSEAU,qui eût plusieurs liaisons, a usé et abusé de ces tours, voici ce qu'il en disait dans un courrier adressé à la duchesse de Luxembourg en 1761:

           --De ces liaisons sont provenus cinq enfants qui tous ont été mis aux Enfants -Trouvés et, avec si peu de précautions pour les reconnaitre un jour, que je n'ai même pas gardé la date de leur naissance --    

Je vous laisse juger..  -Ces renseignements ont été pris dans un petit livre trés intéressant, Normandie Insolite et Secrète- 

 Je reviens  sur les enfants trouvés d'Heuqueville, tout simplement parcequ'au hasard, toujours lui,de lectures et de recherches, je suis en mesure de vous expliquer le pourquoi de leur arrivée massive dans notre village normand; la raison en est peut être celle ci:

       -Pour bien appréhender ce qui va suivre il me faut vous rappeler qu'au 17éme siècle, et bien avant, sur les coteaux avoisinant le village il y avait une culture inattendue pour nous aujourd'hui,la vigne, non pas quelques pieds, mais un vignoble qui produisait une quantité de vin non négligeable . Ce vin que l'on appelait le "vert-jus" (raisins pressés peu murs) n'avait pas que son nom de "vert", mais également le goût, une aimable piquette, appréciée  pourtant à l'époque  -Louis XIV l'aimait beaucoup-.il est vrai qu'il n'avait pas encore pris la décision de faire planter des pommiers en Normandie.....

La production était commercialisée, notamment à Louviers. Pour preuve on trouva dans les caves de cette ville en 1658 une très grande quantité de vin, douze cents pièces de vin gâtées, et 2200 pièces  malheureusement invendues, pourquoi allez vous dire? à cause d'une Taxe (oui déjà) "Le droit au rêve" instituée par le fermier général de l'époque (fermier dans le sens de percepteur). Cette taxe a renchéri le prix du vin ceci explique cela. Cette culture de la vigne faisait vivre beaucoup de monde dans notre région: vignerons, ouvriers, tonneliers, et bien d'autres artisans.......(il y avait un tonnelier à HERQUEVILLE)

Mais il y eut pire, toujours au 17éme siécle des hivers rigoureux sévirent en Normandie, très rigoureux même, imaginez en 1684 5 mois de froid intense, on coupait l'eau à la hache, le vin était fendu à la cognée, la mer gela sur les cotes jusqu'a trois lieues depuis le Tréport jusqu'au Havre. Les bateaux étaient bloqués dans les ports, on vit des glaçons de 11 pieds d 'épaisseur, bien d'autres témoignages de cet hiver terrible, mais là n'est pas notre propos, d'autant qu'en 1709 cela recommença, grande pluie en janvier, suivie en février d'un gel intense, puis chute de neige, port gelé, donc pas de commerce, les conséquences économiques furent terribles, le prix du blé devint astronomique, d'ou la misére qui s'installa en Normandie. 

   Une chronique de l'Abbaye du Tréport relate ceci  "" grand hyver" rigoureux qui ruina la pêche, les blés et les vignes, grande misére partout".

Ces renseignements ont été  relevés ans les écrits de l'Abbé Cochet, sur  l'histoire du vin en Normandie.

Si  les blés furent semés à nouveau,  pratiquement pas la vigne à cause du coût trés elevé pour la replanter et trouver des ceps. Le filoxera, appelé Dadin en Normandie, se chargea également d'anéantir cette culture. (des nuées s'abatirent sur es vignobles)D'aprés les chroniques d'ORDERIC VITAL, un moine de l'Abbaye de St Evroult, dans l'orne, grand historien de son époque (1075/1142) le vin pour les messes de cette abbaye provenait des vignes cultivées sur les coteaux de Tosny (Toësni à l'époque).

Le point de départ de mon récit étaient les Registres paroissiaux, je pensais suivre une route bien définie, et peu à peu j'ai pris des chemins buissonniers .. Ils m'ont permis de découvrir beaucoup de choses que je livre à votre curiosité.

Et pour terminer deux cachets  authantifiant les registres:

     Img 3753                       Img 3737     

 

 Ce récit m'a valu quelques questions sur la culture de la vigne dans nos régions, et également quelques interrogations sur le pourquoi de l'apparition et la disparition de cette culture en Normandie, je ne peux que laisser parler a nouveau l'Abbé J.B.Désiré COCHET, 

       "Qu'il y est eût autrefois des vignobles en Normandie, que cette province ait fournie à la consommation et au commerce des vins abondants que ses coteaux aujourd'hui ombragés de pommiers aient été autrefois couverts de vignes, ce sont là des faits dont il n'est pas question de douter".

        Je ne peux que vous engager à consulter ses écrits  très intéressants sur l'Histoire de la Normandie;

        J'ajoute pour ma part que le Charpillon-Caresme, livre sérieux s'il en est sur notre département de l'Eure,même s'il comporte quelquefois des petites erreurs dues certainement au manque d'information à l'époque de sa rédaction, indique qu'en 1868 il y avait encore à la Roquette 4 hectares de vignes, et au Thuit 3...

         La vigne était entrée dans notre pays Normand avec les Romains, le grand froid et la misère qui s'en suivit l'ont fait disparaitre de notre paysage, ainsi va la vie....

         La suite bientôt sous la forme d'un autre billet, des Loups à Heuqueville......

 

 

       

 

 

 

 

 

 

    

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

   

 

  

 

 

          

 

 

 

         

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                       

Un soldat sorti de l'oubli

           Un soldat sorti de l'oubli

Dans ce nouveau billet il ne sera pas vraiment question d'Heuqueville, mais d'une personne qui n'y  vécu que très peu de temps, comme le petit Baron, objet de mon précédent billet, qui comme lui eût une histoire brève et triste, lui aussi mort jeune, avec également beaucoup d'inconnu sur le personnage.

M'y voici donc:    Une fois de plus, ce soit disant défaut, la curiosité m'a conduite lors d'une visite au cimetière, vers une tombe bien cachée sous un buis qui prenait ses aises,  et dissimulait une belle croix de fonte ternie par le temps et l'oubli.A y regarder de plus près je découvris,posée contre la croix une petite vitrine en bien mauvais état; elle contenait outre une émouvante photo d'un jeune soldat au regard profond, coiffé du légendaire képi blanc, des médailles que je ne sus lire, sauf la croix de guerre ,  deux dates laconiques 1926 - 1957 et un nom Antoun RITTER.

         Img 3697

Cette tombe était manifestement abandonnée, vouée à l'oubli et à l'indifférence de tous . Les médailles quant à elles exposées à la convoitise de visiteurs indélicats, heureusement le gros buis cachait tout cela.

Je suis ressortie de cet endroit avec un sentiment de tristesse, mais, malgré tout ma curiosité était "piquée ". A l'occasion d'une autre visite dans ces lieux, en compagnie cette fois de Madame F.Poulain, Achitecte des Batiments de France je lui signalai cette tombe; elle s'étonna devant la non protecton des médailles et me conseilla d'essayer de faire quelque chose pour les metre à l'abri.  Je décidais dans un premier temps de me renseigner sur ce soldat mort si jeune, trop jeune. Qui était il, d'où venait il?? Je relaterai un peu plus loin ce que j'ai pu apprendre sur lui et son court passage à Heuqueville, aujourd'hui encore quelques personnes se souviennent de lui.

En tout état de cause si j'ignore qui était ce soldat, ce que je peux comprendre par contre c'est qu'en son temps il a servi son pays, certainement avec courage, en témoignent ses médailles, la Croix de guerre, avec citation,  entre autre.

    Croix de guerre                                                                     La Croix de Guerre 

Cette distinction a été créée pour récompenser une conduite exemplaire et courageuse durant la Grande Guerre ( 1914-1918); souvent elle était remise sur les lieux mêmes des combats.

Maurice Barrés proposera un projet, ce sera Emile Driant qui le défendra devant l'Assemblée Nationale, il suggère un nom pour cette médaille, un nom bref qui sonne et qui claque, ce sera  " Croix de Guerre"  . Elle sera sculptée par P.Albert Bartholomé.La loi sera votée le 2 avril 1915, l'article figurera dans le journal l'Illustration du 1er mai 1915. Outre aux valeureux soldats,la Croix de guerre sera attribuée aux villes martyres, ou ayant résisté courageusement à l'envahisseur.

Concernant cette tombe, j'ai appelé l'attention  des personnes en charge du cimetiére sur la nécéssité, à mes yeux ,de mettre ces médailles à l'abri, au moins dans un premier temps, le temps de quelques recherches. Le temps passa, rien ne se produisit, la vitrine continuait à se dégrader sous les intempéries, et en cette année de commémoration du début de la "Grande Guerre" ne nous demande t'on pas d'unir et d'honnorer tous les soldats de quelque nationalité qu'ils soient?

En désespoir de cause je me suis adressée à l'organisme qui oeuvre pour que perdure le souvenir de ces hommes à qui nous devons tant: Le souvenir Français, en la personne de Monsieur Gaillard. Trés aimablement ce Monsieur m'a proposé que nous nous rencontriions devant cette tombe; rendez vous fût pris, rendez vous auquel j'ai convié Monsieur JP Delacour, j'avais en effet abordé ce sujet avec lui, à titre personnel, afin de voir ce qui pouvait être fait. L'écho fût positif, et la machine lancée. Monsieur Delacour , adjoint au maire, s'engagea immédiatement sur le fait que d'une manière ou d'une autre cette tombe retrouverait le respect qui lui était dû.

Par la suite j'ai rencontré Monsieur  le commandant  Georges Van Ryssel bien connu de tous , intéressé par la nature de la demande il fit les démarches nécéssaires concernant ce soldat auprès des autorités militaires  concernées. Il en ressortit que si sa carrière militaire fût courte, elle n'en fût pas moins courageuse, on ne donne pas la croix de guerre à n'importe qui, il faut la mériter; De plus bien que né dans un autre pays il a fait un choix, la France, d'où le respect qu'on lui doit.

Le résultat de tout cela c'est qu'enfin les médailles de ce soldat sont protégées, et la tombe en voie de réhabilitation par les soins de Monsieur  Delacour. Que ceux qui ont permis que cette réhabilitation  se mette en place soient remerciés.

Passons maintenant à l'histoire, du moins pour ce que nous en savons, de ce jeune soldat.

     Medaille indochine

                                                             Médaille commémorative d'Indochine

Né en Yougoslavie en 1926 il a fait choix d'une carrière militaire dans une unité prestigieuse, la Légion Etrangère,  un choix qui l'a amené sur différents terrains de combats, je ne les connais pas tous, je ne retiendrais que l'Indochine où ce sont déroulés des combats d'un autre âge, terribles et meurtriers , marquant probablement à vie ceux qui les ont menés. Revenir et se réintégrer était peut être le  plus difficile, que d'images dans leur mémoire! Qui ne connait Dien Biem Phu de sinistre mémoire? 11000 morts plus de 4000 prisonniers ...... La médaille ci dessus présente dans la petite vitrine atteste qu'il a combattu dans ce pays.

Voici un court résumé de cette carrière, engagé le 15 janvier 1949 et rayé des contrôles le 15 janvier 1954, Antoun Ritter aura effectué 5 ans de service, dont un séjour en extrême orient; Titulaire de la médaille coloniale et d'une croix des TOE avec citation à l'ordre du régiment. A fini son contrat comme 2éme classe.

Est-ce aprés ces épreuves que cet homme revenu dans la vie civile décida de répondre à une annonce dans laquelle un fermier d'Heuqueville recherchait  un "garçon de ferme"? cherchait il le calme de la campagne après les horreurs qu'il avait vécues? toujours est il qu'il vint s'installer au Londe,  en face de la ferme de Monsieur Bernard Montier qui se souvient encore de lui.

C'était parait'il un jeune homme comme un autre, assez vif de caractère, un peu triste parfois; il aimait danser, et se rendait au bal à Heuqueville, qui d'après ce qui m'a été raconté avait lieu une fois par mois. Il appréciait aussi les fêtes de village où il rencontrait des jeunes de son âge, bref un jeune homme comme bien d'autre, du moins en apparence.

A son sujet, Monsieur Bernard Montier m'a relaté une petite anecdote que je vous livre:

Les attributions de garçon de ferme d'Antoun Ritter comportaient entre autre de mener les vaches au près, et les ramener  à l'étable. Pour les regrouper il avait une technique bien particulière, du moins dans nos régions, il se servait d'un long fouet, le sien, non pas pour fouetter les bêtes, mais pour leur signifier qu'il fallait retourner à l'étable... le simple claquement puissant et sec de cet "outil" suffisait pour que les bêtes se regroupent et prennent tranquillement le chemin du retour, étonnant n'est-ce pas??

Le temps passait.. il devait lui peser. Sa famille lui manquait elle? A t'il eu un chagrin de son âge? les images gravées dans sa mémoire de son passé militaire étaient elles trop lourdes? toujours est il qu'il a fait le choix d'un ailleurs où je lui souhaite d'avoir retrouvé ses compagnons d'armes et ceux qui lui manquaient.

Je ne sais pas qui, lors de son inhumation, a pris l'initiative de déposer ses médailles sur sa sépulture, qu'il ou qu'elle en soit remercié.

Peut être n'a t'il pas toujours été, à nos yeux, du bon coté, mais comme je l'ai dit plus haut il a su faire un choix, et ce fût la France.

Voilà tout ce que je peux dire sur cet homme, peu de choses il est vrai, mais une simple visite au cimetière et de la bonne volonté l'ont fait sortir de l'oubli..........

Voici deux photos de cette tombe, celle de gauche avait déjà subi un nécessaire toilettage....Pour la deuxiéme, absente pour le moment,un peu de patience......

      Dsc07445             Wp 20150127 002nouvelle tombe soldat heuqueville copie

      Voici donc l'histoire du Soldat 2 

                    Après  m'être penchée sur le sort, à mon avis un peu triste, fait à la tombe de notre Légionnaire Antoun RITTER , je me dois de rendre hommage aux membres du Conseil Municipal  en place dans les années 1950. Comme chacun le sait, les guerres sont de grandes faucheuses , et bien des jeunes hommes partis pour  la "Seconde" ne sont jamais revenus. Très souvent, trop souvent leurs corps mêmes ne sont  pas revenus dans le village qui les avait vu naître. Ce fût le cas pour un tout jeune homme de 25 ans, Robert Gordien, parti au début des hostilités et tué très vite  le 3 juin 1940.

                     Longtemps, trop longtemps, sa famille fût privée d'une simple tombe pour pleurer ce jeune fils, choisi, puisque adopté.

                     Un jour, sa Maman, une habitante d'Heuqueville, a demandé au Conseil Municipal une concession pour accueillir la sépulture de son fils tombé pour défendre, lui aussi, son pays.

                      Le Conseil Municipal accepta, et plus encore le fit gracieusement. Nous étions en 1951. L'administration s'était engagée de supporter les frais engagés pour mettre à bien cette démarche, car bien sur le corps de ce jeune soldat devait être rapatrié.En attendant le versement des fonds la commune fit diligence pour avancer les sommes nécessaires à la rémunération du fossoyeur,l'installation d'une chapelle, le salaire à verser au prêtre, aux porteurs, et le timbre pour l'enregistrement de la concession.

Je pense sincèrement que la Commune s'honora en procédant de cette manière, plutôt que d'attendre encore plusieurs mois pour rendre hommage à ce jeune homme.

                       Trois ans passèrent durant lesquels des décisions furent prises, et en particulier  celle de faire ériger un monument sur la sépulture de Robert GORDIEN. Du granit rose fût choisi, la commune prit une partie du coût à sa charge, et une souscription couvrit le reste. C'est pourquoi aujourd'hui vous pouvez toujours voir ce monument à l'entrée du cimetière , orné d'une palme de l'Amicale du 128 RI ,ainsi que le signe distinctif du Souvenir Français, la cocarde tricolore, certifiant de la meilleure façon qu'il soit que ce jeune homme est mort pour la France.

Les délibérations nécessaires à l'accomplissement de ce projet ont été signées par le Maire de l'époque, Monsieur Prevost, et différents membres du conseil dont les noms nous sont encore familiers:  MM  Beaurain, Cantelou, Dubuisson, etc..

                       Puisque nous sommes dans les manifestations du souvenir des morts pour la France d'Heuqueville je me suis demandée pourquoi la date 1919 figurait sur le monument aux Morts, c'est peu fréquent. Certains d'entre vous devaient le savoir, mais moi non; j'ai donc cherché en m'adressant à des sources autorisées, ce faisant j'ai appris ceci:

                        Bien que l'armistice ait été prononcé en 1918 certains régiments continuèrent à se battre très loin de la France. particulièrement  l'AFO - Armée Française d'Orient -, régiments basés pour la plupart en Roumanie . Ils combattirent encore 5 longs mois avant d'être rembarqués d'Odessa vers leur pays d'origine. On peut les considérer comme les oubliés de la Grande Guerre; Clèmenceau les nommait avec un certain mépris "les jardiniers de Salonique". Cette partie de la guerre est très complexe, et je me risquerai pas à m'étendre davantage, mais les combats firent beaucoup de morts, et ce n'est que justice qu'à défaut de leur nom cette période figure sur les monuments concernés, d'ou 1919; 

Une précision authentifiant ces faits, dans le cimetière, prés de la si belle croix Hosannière, là où les prêtres sont généralement enterrés,se trouve la tombe de Maurice Agasse, prêtre durant 20 ans à Heuqueville,  mort en rentrant du front du désert  de Palestine, où il avait combattu. Une cocarde tricolore atteste la aussi qu'il est mort pour la France. Son nom est également gravé sur le monument aux Morts .

Je l'ai déjà dit, beaucoup de morts sur ces fronts si éloignés, presque oubliés, mais ces combats conditionnent encore aujourd'hui les évolutions politiques de cette région du monde ( voir livre de R.Porte Du Caire à Damas).

D'autres soldats morts pour la France reposent à Heuqueville, je ne les oublie pas..

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